Les trois moments dogmatiques de l’icône







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1. LES SAINTS ICONOGRAPHES
Description succincte d’un iconographe : « Il consacrait tout son temps à la prière et à l’iconographie, exprimant par les traits et les couleurs les fruits de sa contemplation2. »
Saint Lazare l’Iconographe de Constantinople ; le 17 novembre (810 ?-867)
Notre père parmi les saints, Lazare de Constantinople est le premier iconographe glorifié par l’Église. Moine et iconographe vivant pendant et après la deuxième période iconoclaste, il compte aussi parmi les confesseurs de l’orthodoxie parce que, malgré les persécutions que les partisans des icônes devaient subir à cette époque, Lazare continuait non seulement à confesser sa foi mais aussi à peindre des icônes. En 856, après la défaite des iconoclastes, l’empereur et le patriarche l’envoyèrent à Rome pour discuter avec le pape Benoît III des moyens de rétablir la paix et l’unité entre les Églises. Il mourut pendant un deuxième voyage à Rome, en 867. Sa dépouille fut envoyée à Constantinople où il fut enterré dans le monastère des Évandres près de la ville.
De la vie de saint Lazare3, nous connaissons les vertus suivantes : l’amour pour le Christ, l’ascèse, la prière et le renoncement aux vanités du monde. Ce sont les qualités attendues de tout fidèle, mais la biographie de Lazare accentue une autre caractéristique directement liée à sa vie d’iconographe : « Persévérant dans l’ascèse et la prière pour se préparer à transcrire sa contemplation intérieure sur les images qu’il peignait... » Nous avons ici l’expression parfaite du rôle de l’iconographe, et de l’icône elle-même, dans la sanctification de l’homme.
Analysons les éléments de cette sanctification, c’est-à-dire le mouvement ascensionnel vers Dieu :
1) La vie d’un saint chrétien n’est pas un moment d’illumination, d’une explosion momentanée d’énergie, mais plutôt un long et difficile chemin sur lequel le Seigneur purifie, « émonde » et « élague » ceux qu’il aime de tout ce qui empêche l’ascension vers lui. La persévérance est nécessaire pour arriver au bout du chemin. Saint Lazare persévérait.
2) Nous avons déjà vu que la prière et le jeûne sont fondamentaux dans la vie chrétienne si l’on espère expulser certains démons. L’ascèse est la guerre constante contre le désordre créé par les pulsions puissantes et irrationnelles, c’est-à-dire les passions, dans le cœur et dans l’esprit de tout homme. La prière, en privé ou en communauté, tourne la conscience, composée de pensées, d’images et de paroles, vers Dieu. En établissant la tranquillité dans le cœur par l’ascèse, le chrétien peut plus facilement orienter l’antenne spirituelle vers l’énergie divine émanant de Dieu. Le but de cette lutte est de préparer le chrétien à la contemplation intérieure. Lazare pratiquait l’ascèse.
3) Le mot contemplation a une longue histoire ; il comporte plusieurs définitions, plusieurs nuances, et est souvent mal compris. Dans le contexte de cette étude, il suffit, néanmoins, de dire ceci : selon la vision mystique de la tradition patristique et orthodoxe, la contemplation ne se limite pas à un exercice de la pensée rationnelle et consciente. Dans la profondeur de sa connotation, elle dépasse grandement l’activité de regarder, physiquement et mentalement, et d’examiner un objet ou un événement pour en dégager une signification pour la vie présente. Cela n’est pas à exclure, mais le but ultime est plutôt de s’ouvrir à Dieu, de le laisser envahir le cœur et de connaître, de sentir sa présence brûlante dans le for intérieur. Lazare contemplait la présence divine dans son cœur.
4) Jusqu’ici, nous avons décrit la vocation de tout chrétien. Selon les dons spirituels de chacun, les expressions de cette vision mystique seront différentes. Dans le cas de saint Lazare, ayant reçu le don de peindre, il appliquait son talent à « transcrire sa contemplation intérieure sur les images qu’il peignait ». Il exerçait son don en peignant la vision de Dieu sur les icônes. Il en résulte que l’Église a reconnu en lui et en ses œuvres d’art une expression de l’authenticité de la vie spirituelle chrétienne. Lazare et ses œuvres manifestaient une si grande ouverture envers Dieu qu’il n’est pas étonnant que sa biographie parle du pouvoir de son intercession ainsi que des miracles que Dieu opérait à travers ses icônes. Saint Jacques nous dit que « la requête d’un juste agit avec beaucoup de force » (Jc 5,16) ; dans les Actes, nous apprenons que « Dieu accomplissait par les mains de Paul des miracles peu banals, à tel point qu’on prenait, pour les appliquer aux malades, des mouchoirs ou des linges qui avaient touché sa peau » (Ac 19,11-12). Bien qu’il faille toujours être vigilants pour éliminer les corruptions qui peuvent trop facilement se glisser dans la croyance et dans les pratiques des chrétiens, les Écritures disent très clairement que le Seigneur peut se servir de personnes et d’objets pour manifester sa puissance. Lazare l’iconographe et ses icônes étaient de tels instruments.
À notre époque, alors que beaucoup se demandent s’il est possible de guérir les schismes entre les Églises, nous notons avec intérêt que l’Église et l’État byzantins choisirent jadis un saint peintre pour accomplir deux missions d’unité entre les Églises.
Saint Alipy l’Iconographe de Kiev : le 17 août (1078 ?-1114 ?)
Voir en annexe La Vie d’Alipy et le récit de l’arrivée des iconographes grecs à Kiev4.
Au tout début du christianisme en Russie, nous trouvons un saint iconographe russe associé à des iconographes grecs. La tradition iconographique, ayant déjà atteint en milieu grec sa forme classique et canonique après l’iconoclasme, se transporta telle quelle en sol russe. Les Russes n’avaient qu’à venir au festin pour manger et boire, et l’Histoire montre que, depuis le début, ils ont bien apprécié le repas. Ayant adopté et développé le trésor artistique venant de Constantinople, les peintres russes ont fait honneur à la Mère patrie et se sont montrés dignes du patrimoine reçu.
Nous avons donc dans le peintre russe Alipy un modèle de sainteté qui sera transmis à l’Église russe dans les siècles subséquents. Ayant un saint iconographe parmi ses fondateurs, l’Église russe n’a pu qu’encourager les artistes locaux talentueux à suivre l’exemple d’un de leurs propres « Pères parmi les saints ».
En lisant sa Vie, qu’apprenons-nous du caractère d’Alipy ? Que retient la Tradition ecclésiale de ce modèle d’un peintre chrétien ?
1) D’abord, Alipy était un « imitateur inspiré » de saint Luc. Compte tenu de la place qu’occupe ce dernier dans la tradition, il n’est pas étonnant que l’évangéliste serve de grand modèle à tous les iconographes ; mais, ici, le mot imitateur est une louange offerte au saint et met en relief le rôle de l’artiste dans l’Église : l’iconographe reçoit, assimile, reproduit et transmet la tradition iconographique d’une manière fidèle. Il n’est pas un innovateur. Cela dit, il ne faut pas comprendre, comme on l’entend souvent, que la créativité n’a aucune place dans la transmission fidèle de l’art de l’icône ; il faut plutôt bien situer le domaine de la créativité. Plus l’artiste est imprégné de la vision théologique qu’exprime l’icône et plus son talent inné est développé, plus le fruit de son travail sera une expression nouvelle et originale de la tradition.
2) Alipy représentait le visage des saints sur les icônes ; en même temps, son âme était remplie de vertus. La Vie relève l’association entre ce qu’Alipy possédait en son for intérieur, la sainteté, et ce qu’il représentait sur les icônes des saints. Nous avons entendu quelque chose de semblable dans la Vie de Lazare, citée plus haut. Ce dernier transmettait aux icônes sa vision intérieure. Avant de pouvoir exprimer la vision de la sainteté à travers des images peintes, l’iconographe doit connaître cette sainteté dans sa propre vie spirituelle intérieure. Comme tout bon iconographe, après une période d’étude et de perfectionnement, Alipy arriva à « représenter sur les images matérielles, les vertus spirituelles de ces saints ». L’interpénétration du spirituel et du matériel est caractéristique de la spiritualité orthodoxe et se manifeste clairement ici. Alipy fut si profondément rempli et transformé « par la grâce de Dieu » qu’il pouvait projeter dans la matière, à travers les couleurs et les formes, la réalité spirituelle des saints. La matière peut être lourde et opaque, ou légère et diaphane. Alipy savait la rendre transparente à la sainteté.
3) La sainteté d’Alipy faisait de lui non seulement un grand artiste mais aussi « un guérisseur étonnant ».
4) Alipy peignait souvent gratuitement ; l’argent pour lui comptait très peu. Cela n’est pas étonnant de la part d’une personne orientée vers le Royaume de Dieu. Alipy développait son art non pas pour devenir riche mais « pour développer ses vertus ». « Il pratiquait la vertu comme il pratiquait son art. » Non seulement la matière peut manifester la sainteté, mais l’activité physique, l’exercice d’un métier, en l’occurrence l’iconographie, peut aussi être le véhicule, l’ascenseur qui mène vers Dieu.
5) Alipy travaillait beaucoup et n’était jamais désœuvré. Il était humble, détaché, pur, patient, charitable, ascétique et généreux. Ce sont des vertus que nous voyons dans tous les saints, quel que soit le type de sainteté.
Saint Grégoire l’Iconographe de Kiev, compagnon d’Alipy : le 8 août (à peu près les mêmes dates que saint Alipy : 1078 ?-1114 ?)
Vladimir Ivanov note une chose qui n’apparaît pas dans notre Vie de saint Alipy : la référence mentionne un collaborateur d’Alipy, Grégoire, sans doute un Russe5. Ouspensky le mentionne aussi6. La Vie de Grégoire ne dit que ceci : « Le 8 août : le vénérable Grégoire, iconographe, thaumaturge du monastère Petchersky, compagnon du vénérable Alipy (XIe siècle) : les saintes reliques du vénérable Grégoire furent déposées dans la grotte près du vénérable Antoine7. » Nous n’avons pu trouver, à ce jour, d’autre renseignement sur Grégoire de Kiev. Il est raisonnable de penser que d’autres jeunes artistes se soient formés à I’ « école » d’iconographie de Kiev dirigée par les artistes grecs, mais nous avons très peu d’information fiable sur ce personnage énigmatique.
Saint Pierre, Métropolite de Kiev : le 21 décembre (1308-1326)
Voir en annexe La vie de saint Pierre8.
La Chronique de Novgorod parle pour la première fois du métropolite Pierre lorsqu’en 1309, ce dernier confirma David comme archevêque de Novgorod9. En 1325, Pierre participa à l’enterrement du grand prince Yuri. La Chronique note sa mort en 1326 : « Par ses prières, Dieu opéra des miracles à son tombeau10. » La tradition associe deux icônes à Pierre : le « Sauveur Œil Courroucé » et la « Vierge Petrovskaïa ». Le fait que le métropolite lui-même peignit des icônes donna certainement un élan au développement d’un style moscovite. Nous avons une confirmation de l’activité artistique de Pierre par une icône, peinte dans l’atelier de Dionysios au début du XVIe siècle. Parmi les scènes de la vie de Pierre en bordure de l’icône, nous voyons le métropolite en train d’apprendre à peindre une icône11 mourut en 1326.
Saint Basile l’Archevêque de Novgorod : le 10 février (1330-1352)
Selon la Chronique de Novgorod, Basile fut désigné archevêque de Novgorod en 1330 et consacré en 133112. Son épiscopat continua jusqu’à sa mort en 1352. L’Église russe commémore sa vie le 10 février, avec les autres évêques enterrés dans la cathédrale de la Sagesse Divine à Novgorod. Ivanov loue l’époque de Mgr Basile de la façon suivante : « La vie artistico-religieuse atteint son apogée entre 1330 et 1360 avec l’archevêque Basile qui pratique personnellement la peinture13. » Malheureusement, pour sa part, la chronique ne parle pas du tout de l’activité artistique de Mgr Basile. Pourtant, elle associe ce dernier à l’iconographe grec Isaïe et à ses compagnons, qui furent engagés par le métropolite pour peindre une église. Il est certainement vrai que le nom de l’archevêque est lié à la construction de plusieurs églises qui, naturellement, avaient besoin d’icônes et de fresques. La Vie indique ceci :
Saint Basile [Vassily] succéda à Moïse — l’un des plus remarquables archevêques de Novgorod. Il était prêtre dans le monde et s’appelait Grégoire Koleka. Il construisit une muraille autour de la ville, établit des églises après l’incendie et peignit lui-même des icônes. Mgr Basile défendit ardemment les droits de sa ville. Pour ses activités, le patriarche de Constantinople lui envoya un klobouk blanc [un chapeau, normalement noir, cylindrique et revêtu d’un voile, porté par les moines et les évêques] et des ornements sacerdotaux14.
Saint Théodore l’Iconographe, archevêque de Rostov : le 28 novembre (+1394)
Le Calendrier liturgique orthodoxe de la Fraternité orthodoxe d’Europe occidentale donne à Théodore le titre d’« iconographe15 ». Le synaxaire demeure muet sur la question16, La Vie de saint Théodore également17.
Saint André Roublev : le 4 juillet (1365 ?-1430 ?)
Voir en annexe La Vie de saint André18.
Nous avons très peu d’information sur la vie d’André Roublev, mais son influence sur la tradition iconographique russe ne peut être niée. Il naquit entre 1360 et 1370 près de Moscou, on ignore la date exacte. Très jeune, André entra au monastère de la Sainte Trinité dont saint Serge était toujours l’higoumène, donc avant 1392, date de la mort de ce dernier. Quand André devint novice, Nikon, le successeur de Serge, était l’higoumène. Les documents historiques décrivent toujours André comme un jeune moine à l’époque de Nikon. Avant 1405, André déménagea au monastère Spasso-Andronikov où il se fit tonsurer. Il y rencontra Théophane le Grec, son maître d’iconographie, et Daniel Tchorny, son compagnon jusqu’à la mort. La Vie de saint Nikon indique que les deux peintres furent « des hommes parfaits en vertus [...] des anciens et des peintres vertueux. Ils vivaient toujours dans une fraternité spirituelle ayant un grand amour l’un pour l’autre. [...] Ainsi ils sont partis vers Dieu [...] en union spirituelle comme ils avaient vécu ici sur terre/19. » Une autre chronique du temps dit :
Au printemps de cette année [1405], les maîtres iconographes, Théophane le Grec, le staretz [l’ancien] moine Prochore Gorodetsky et le moine André Roublev commencèrent à peindre l’église en pierre de la sainte Annonciation dans le palais du grand prince, pas le palais qui est là maintenant. Ils terminèrent leur travail cette même année20.
Notons que Roublev est mentionné au troisième rang. À l’époque, il était sans doute encore jeune et peu connu. En 1408, Daniel Tchorny et lui peignirent les fresques dans la cathédrale de la Dormition à Vladimir. Épiphane le Sage relate que Roublev seul peignit l’intérieur de la cathédrale du Sauveur Miséricordieux dans le monastère Andronikov. L’image, très fidèle au modèle de l’époque, d’un bateau grec peint dans la cathédrale porte certains spécialistes à penser que Roublev aurait séjourné à Constantinople, mais ce n’est que spéculation. Saint Nikon, qui avait fait construire le monastère de la Trinité-Saint Serge en 1422, demanda à André Roublev et à Daniel Tchorny d’en peindre l’intérieur. On suppose que c’est à cette époque que Roublev peignit la fameuse icône de la Trinité. La Vie de saint Nikon nous apprend qu’il s’éteignit vers 1430 « à un âge très avancé, vénérable et honorable ». Il fut enterré dans le monastère Andronikov qui est maintenant le Musée Roublev21.
Nous venons d’esquisser les grandes lignes de la vie d’André Roublev ; regardons maintenant le passage suivant, qui indique jusqu’à quel point ses actes et ses œuvres étaient une expression de sa vie intérieure. Ce passage renvoie à la Vie de saint Alipy qui met également en valeur la relation entre l’expérience mystique de la Lumière divine et la représentation de celle-ci sur une icône :
Saint Andronik resplendissait de grandes vertus ; il avait pour disciples Sava et Alexandre, et les merveilleux et célèbres peintres d’icônes Daniel et son disciple André et bien d’autres encore qui leur ressemblaient. Ils étaient d’une telle vertu et faisaient preuve de tant de zèle pour le jeûne et la vie monacale qu’ils étaient doués de la grâce divine. Ils prospéraient dans l’amour divin parce qu’ils ne s’inquiétaient jamais de ce qui est terrestre, tournaient toujours leur esprit et leur pensée vers la lumière insubstantielle et divine, et portaient sans cesse leurs yeux sur ce qui avait été peint dans les siècles passés à l’image de Dieu et de la Très-Pure Mère de Dieu et de tous les saints. C’est pourquoi, le jour de la lumineuse résurrection du Christ, assis sur leur siège, ils avaient devant eux les vénérables icônes divines et les regardaient sans en détacher leurs yeux, et la joie et la lumière divines les inondaient. C’est ce qu’ils faisaient non seulement ce jour-là, mais aussi tous les jours où ils n’étaient pas occupés à peindre. C’est pour cela que le Christ Notre Seigneur les glorifia à leur dernière heure. André mourut donc le premier, puis son compagnon tomba malade et à son dernier souffle, il vit son compagnon André dans une grande gloire, qui l’appelait avec joie vers la félicité éternelle et infinie22.
Sa réputation de sainteté et de qualité artistique était telle que, un siècle après sa mort, Roublev était le modèle à imiter. En 1551, le concile de Cent Chapitres (Stoglav), au chapitre XLIII, décréta : « Les peintres reproduiront les modèles anciens, ceux des iconographes grecs, d’André Roublev, et des peintres renommés23. » Le Guide de la peinture de Stroganov, à la fin du XVIe siècle, parle déjà de Roublev comme d’un saint : « Père saint André de Radonège, iconographe, surnommé Roublev, a peint beaucoup d’icônes, toutes miraculeuses... Il était sous la direction du Père saint Nikon de Radonège. Ce dernier a commandé qu’une icône de la très-sainte Trinité soit peinte à la gloire de son père spirituel saint Serge le Thaumaturge24... » Le nom d’André Roublev est inscrit dans certains vieux ménologes et nombre de manuscrits enluminés le montrent nimbé.
Tropaire, ton 3

Resplendissant dans les rayons de la Lumière divine, ô saint André,

Tu as connu le Christ qui est la Sagesse et la Puissance divines

Et par l’icône de la Sainte Trinité, tu as proclamé au monde entier le Dieu trine.

Ainsi, émerveillés et joyeux, nous te crions :

Toi qui as confiance devant la Sainte Trinité,

Prie-La que nous soyons, nous aussi, illuminés.
Saint Grégaire Tatévatsi : 1346-1409
Membre de l’Église apostolique arménienne, saint Grégoire dirigea une université à Tatev. Il était prêtre ainsi que peintre, copiste, musicien, poète, philosophe et théologien. Un évangile copié et enluminé par lui (no 7482) existe à Saint-Pétersbourg. Il le signa en 1378. Il se peut qu’il ait enluminé d’autres manuscrits, mais il n’en signa et n’en data qu’un seul. Il existe une controverse concernant un autre manuscrit, le n° 6305, que certains attribuent à Grégoire Tatévatsi et d’autres à un enlumineur anonyme25.
Saint Denys l’Higoumène de Glouchitsa : le ler juin (+1437)
Voir en annexe La vie de saint Deny26.

Denys commença sa vie ascétique dans le monastère de Kouben mais, voulant mener une vie hésychaste solitaire, c’est-à-dire de tranquillité intérieure dans la pratique de la prière du cœur, il se retira dans la forêt près de la rivière Glouchitsa. Malgré son isolement, il attira de plus en plus de disciples désirant vivre la vie monastique avec lui. Par conséquent, il dut transformer son ermitage en monastère communautaire. Il était artiste talentueux, peignant des icônes, forgeant des objets en cuivre fondu et taillant la pierre27.
Saint Denys de l’Olympe : le 23 janvier (+1541)
Se fondant sur l’information donnée par N. Kalogeropoulos et par Photios Kontaglou, Phoibos Piompinos28 appelle saint Denys de l’Olympe iconographe. Nous n’avons pu confirmer cette désignation par aucune autre source, y compris deux synaxaires grecs. Par contre, le Père Macaire, rédacteur des Synaxaires français, nous a indiqué qu’il possède certaines informations qui confirment l’activité iconographique de saint Denys. C’est pour cela que nous n’avons pas fait traduire sa Vie.
Saint Denys partagea sa vie entre trois activités : la vie érémitique, la direction spirituelle des frères qui venaient vers lui et l’enseignement et la consolation du peuple chrétien qui, à son époque, avait grand besoin de sollicitude pastorale. Il fut moine au mont Athos, à Jérusalem et finalement dans la région du mont Olympe où il mourut en paix en 1541 entouré des frères de sa fraternité monastique.
Saint Macaire le Métropolite de Moscou : le 30 décembre (+1547)
Macaire naquit à Moscou en 1482. Dès son jeune âge, il devint moine au monastère de Saint-Paphnuce de Borovsk, où il apprit l’art de peindre les icônes. En 1532, il fut nommé archimandrite du monastère de Saint-Théraponte de Mozhaïsk et, en 1526, il fut sacré archevêque de Novgorod et de Pskov. Il réorganisa la vie de l’Église qui avait connu le désordre depuis plusieurs années. Dans la contrée autour de Novgorod, il envoya des missionnaires évangéliser les peuples autochtones de la région. Il organisa tous les monastères novgorodiens selon une seule règle communautaire et se donna énergiquement à la construction et à la décoration d’églises dans son diocèse. Grâce à Mgr Macaire, plusieurs ateliers fondés par lui équipèrent les nouvelles églises de tout ce dont elles avaient besoin. En 1529, il conçut un grand projet : rassembler et rédiger les Vies des saints ; après 12 ans, le Minei Chetii parut. Selon les chroniques, Mgr Macaire était un « iconographe habile » et en 1528 :
...le saint restaura l’icône de la très-sainte Mère de Dieu, appelée « du Signe » que le passage du temps avait considérablement abîmée. Une fois le travail terminé, son Excellence l’Archevêque lui-même fit porter en procession l’icône de la très-sainte Mère de Dieu, entouré d’une grande foule de Novgorodiens jusqu’à l’église de la très-sainte Mère de Dieu29.
En 1542, l’Église russe élut Mgr Macaire métropolite de Moscou ; il avait 60 ans. Lors de son épiscopat à Moscou, on commença à imprimer des livres en russe. En 1555, Macaire restaura lui-même une icône de saint Nicolas. Les chroniques disent que « le métropolite Macaire restaura lui-même l’icône de saint Nicolas le thaumaturge, car il était très habile dans l’art de peindre les icônes [...] avec beaucoup de désir et de foi, beaucoup de jeûnes et de prières30. » À l’âge de 81 ans, en 1563, Mgr Macaire s’endormit dans le Seigneur et devint immédiatement objet de la vénération du peuple.
Nous lisons la notice suivante dans L’Histoire des saints iconographes :
Le merveilleux métropolite, saint Macaire de Moscou et de toute la Russie, thaumaturge, peignit de saintes icônes et écrivit des livres et les Vies des saints Pères pour toute l’année, ainsi que le Minei Chetii, comme aucun autre Russe n’avait fait avant lui. Il ordonna la célébration des fêtes des saints de Russie ; il institua une règle pour la cathédrale ; et il peignit une image de la Dormition de la très-sainte Mère de Dieu31.
Dans une courte Vie de saint Macaire, datée des XVIIe et XVIIIe siècles, l’auteur ne fait aucune allusion à l’activité artistique du métropolite32. Cette information se trouve, par contre, dans le document L’histoire des saints iconographes. Il était donc connu que Macaire était peintre. Il est étrange, néanmoins, que dans la première Vie de saint Macaire rien n’en soit dit33.
Saint Adrien de Pochekhonié : le 5 mars (+1550)
En tant qu’ higoumène, saint Adrien dirigea le monastère de la Dormition, celui qu’il avait fondé dans la forêt de Pochekhonié. Il était aussi iconographe. En 1550, des brigands attaquèrent le monastère et le tuèrent34.
Saint Corneille, iconographe, et son disciple saint Bassien de Pskov, martyrs : le 20 février (+1570)
Voir en annexe La Vie de saint Corneille35.
Corneille était higoumène du monastère des Grottes de Pskov. Il peignit des icônes, y compris pour décorer son monastère, et aida à former les plus doués de ses novices dans l’art de l’icône. Corneille était également missionnaire parmi les Lettons. Pour protéger son monastère contre des attaques, il l’entoura d’une muraille. Le tsar Ivan le Terrible soupçonnait Corneille d’intentions séditieuses et, en 1570, bouillonnant de colère, le tsar tua Corneille et son disciple Bassien. Après l’acte infâme, Ivan se rendit compte de ce qu’il avait fait, se repentit profondément et honora Corneille d’un grand tombeau36.
Saint Ananie l’Iconographe : le 17 juin (+1581)
Ananie vivait au monastère de Saint-Antoine de Novgorod où « il consacrait tout son temps à la prière et à l’iconographie, exprimant par les traits et les couleurs, les fruits de sa contemplation37. » Il mourut en 1581. Voici la courte notice de la Vie : « Le vénérable Ananie, moine du monastère Antoniev à Novgorod, était iconographe et suivait les règles monastiques très strictement. Pendant les trente-trois années de sa vie monastique, il n’est jamais sorti de son monastère38. »
Saint Pimène de Zographou, ou de Sophia : le 3 novembre (+1610)
Voir La Vie de saint Pimène de Zographou en annexe39.
Pimène naquit vers le milieu du XVIe siècle et s’adonna très jeune à l’art de l’icône en devenant apprenti chez un prêtre-iconographe local. Sa vie se divise en deux grandes périodes. La première comprend le temps qu’il passa au monastère bulgare de Zographou au Mont-Athos où il continua de peindre. La deuxième commença lorsque Pimène décida de quitter le monastère pour paître son peuple sans berger : le nom Pimène veut dire berger en grec. Après son retour à Sophia à l’âge de 55 ans, Pimène se donna ardemment au travail pastoral, construisant et rénovant églises et monastères. En tant qu’iconographe, il en décora beaucoup. Son énergie et son dévouement lui valurent la reconnaissance de son peuple, et son art celle des peintres. Il est le patron des iconographes bulgares40. Il mourut en 1610.
Anastase le Néomartyr de Nauplie en Grèce : le premier février (+1655)
Anastase avait le don de peindre les icônes. Il se vit obliger de rompre ses fiançailles à cause du comportement indigne de sa fiancée. Les parents de la jeune fille rendirent Anastase temporairement fou par des moyens occultes, peut-être accompagnés de drogues. Pendant son délire, les musulmans de la ville le circoncirent et l’habillèrent en Turc. Ayant recouvré son équilibre mental, Anastase refusa sa « conversion » à l’islam, proclamant sa foi chrétienne devant tous. Une cour le condamna à mort, mais une foule de gens enragés le tuèrent avant l’exécution de la sentence41.
Saint Iorest Métropolite de Transylvanie : le 24 avril (+1657)
Voir en annexe La Vie de saint Iorest.
Saint Iorest était moine et peintre talentueux d’icônes dans le monastère de Putna en Moldavie. En 1640, il assuma la charge de métropolite d’Oradéa. Saint Iorest lutta pour l’orthodoxie contre les calvinistes qui le persécutèrent. Il fut mis en prison en 1643, rançonné neuf mois plus tard et élu évêque de Chous en 1657. Il mourut quelques mois après son élection42.
Saint Joseph le Nouveau Hiéromartyr de Constantinople (+ 1819)
Voir la notice pour saint Joseph en annexe43.
Saint Joseph fut iconographe et moine au début du XIXe siècle et souffrit le martyre à cause de la faiblesse d’un frère-moine Evdokimos. Étrangement, il n’a pas de fête liturgique.
Saint Sabas de Kalymnos, moine et iconographe : le 7 avril (+1948)
Sabas naquit en 1862 en Thrace. À 28 ans, en 1890, il devint moine au monastère de Saint-Georges de Choziba en Terre Sainte. Pour approfondir sa connaissance en iconographie, il passa du temps à la skite Sainte-Anne du Mont-Athos. Revenu à Choziba en 1907, Sabas intensifia sa vie hésychaste dans la prière et l’iconographie. Vers 1916, il fit la connaissance de saint Nectaire d’Égine et entra au service du saint évêque. Sabas resta quelques années à Égine où il était aumônier d’un groupe de moniales auxquelles il enseigna l’iconographie et le chant. Après la mort de saint Nectaire, Sabas peignit la première icône du défunt. Cette dernière fut placée dans l’église locale pour la vénération des fidèles. En 1926, il se retira sur l’île de Kalymnos où il passa les vingt-deux dernières années de sa vie en s’occupant de ses enfants spirituels et en peignant des icônes. Sabas mourut le 7 avril 194844.
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