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Un robot-peintre pour qui ?Le plaisir de programmerMême si elle n'est jamais admise dans la cour des grands, Roxame aura eu au moins un mérite : récompenser son auteur par des oeuvres qu'il n'attendait pas et qu'il trouve belles. On n'est jamais si bien servi... Sa conception, son développement même est aussi une joie, comme toute construction technique. Le travail du programmeur est bien différent de celui du peintre lui-même devant sa toile. L'ordinateur libère des tâches de routine, il décharge des contraintes, que l'on peut trouver à la longue pénibles, du jeu spécifique de chaque pigment et de chaque liant, voire des caractéristiques spécifiques des tubes de telle marque ou de telle autre. Il permet de s'attaquer directement aux composantes fondamentales de l'image : ton, saturation, luminosité. Détaché des composantes anecdotiques étrangères certes à la création. Mais cette envol loin des pâtes réticentes et parfois malodorantes de la peinture se paie d'une abstraction radicale : il faut imaginer le genre d'effets que donnera telle instruction rajoutée à tel ou tel endroit. Un peu comme le concepteur d'un instrument de musique, entend dans sa tête le changement sonore qu'entraînera un élargissement de l'embouchure ou de la perce du tuyau de cuivre. En outre, la programmation n'est pas amusante tous les jours. 20% de temps à écrire, 80% de temps à chercher les erreurs, m'ont dit des professionnels chevronnés. Cette recherche est parfois décourageante, car la cause n'a souvent qu'un lien très indirect avec ses fâcheux effets. Mais un programme donne à son programmeur une récompense qu'aucun humain ne peut donner : quand il se comporte comme on le voulait, on est certain qu'il ne simule pas le plaisir et l'admiration. Il "marche", tout simplement". Mais ce plaisir solitaire en compagnie du petit écran serait stérile s'il n'était partagé. La reconnaissance par un public est essentielle à l'artiste. Notre robot a déjà quelques fans, voire quelques clients. Mais répond-elle à mon objectif de réconcilier les hommes avec les machines ? Provocation, exorcisme, exploration ?Si le propre d'un artiste novateur est de déranger, un tel robot peut prétende au titre. Beaucoup l'excluent d'un mot : "Ce n'est pas de l'art", a fortiori "pas de la peinture". Certains peintres y voient une concurrence, prolongeant celle de la photographie. Mais surtout, ilchoque par son caractère blasphématoire. Par sa nature même, elle provoque tous ceux qui restent attachés à la conception romantique où "l'art est en son essence l'expression d'une individualité géniale servie par une compétence d'élite" 70. Il est vrai qu'un journaliste aime déranger. Certains n'aiment que l'information "qu'ils arrachent", d'autres se contentent de celle qui est utile à leurs lecteurs. Pour nous, en tant que journaliste, ce projet (comme un bon article) est une manière de faire partager notre étonnement , devant la nature et surtout bien sûr devant les possibilités toujours renouvelées des machines et plus précisément du "numérique", pour ne pas dire digital. Non pas un émerveillement fasciné et naïf. Plutôt celui du père qui voit grandir son enfant autrement qu'il ne l'attendait, qui s'en réjouit tout en s'inquiétant de bien le conduire "à maturité". La recherche de l'homme par lui-même, de l'homme capable de se fabriquer, de se concevoir lui-même est aujourd'hui plus active que jamais, de l' "intelligence artificielle" au clonage voire à l'ingénierie génétique, des neurosciences à la robotique. La robotique n'est qu'une des voies, modeste mais radicale, de cette quête éternelle que l'on peut faire remonter à Adam et Eve mangeant les fruits de l'arbre "de la connaissance du bien et du mal". Et, comme toujours, de Prométhée à Asimov, cette recherche est considérée par les uns comme un coupable orgueil, voire comme le "péché originel" lui-même, tandis que les autres y voient l'essence même de l'humanité. Elle peut aussi rassurer, par la matérialité, et sous certains angles, le classicisme de ses productions. Mais en tous cas, elle interroge. Elle déçoit parfois, notamment en raison de sa pauvreté matérielle actuelle. Certains de ses oeuvres, qui séduit à distance, au premier coup d'oeil, ne résiste pas à l'examen de celui qui s'en approche et est choqué par ses pixels, ou par la froide abstraction de détails qui semblaient prendre sens à distance. Bref, elle demande un effort. Certains ne regrettent pas de l'avoir fait. |
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