1. La machine espérée







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Peindre aujourd'hui, pour montrer quoi ?


Jusqu'à la photographie, on a peint pour représenter le réel, c'est à dire d'une part la nature matérielle, de l'autre les vérités éternelles. Depuis, on peint des horreurs pour dénoncer le complexe militaro-industriel, pour tourner en dérision la société de consommation, ou tout simplement pour son plaisir ou celui d'un cercle d'amis ou d'amateurs.
Dans l'optique positive à l'égard des machines que nous proposons, qu'est-ce que le tableau peut dire aujourd'hui à l'homme universel ?
Représenter les machines ? Les expériences de Fernand Léger, de quelques américains (Benton, Sheeler) ou a fortiori du réalisme socialiste ne sont guère convaincantes. Quant aux machines électroniques, le thème n'intéresse les peintres. Ni même tellement les photographes. Il est même frappant, à regarder la presse spécialisé en informatique, de voir à quel point elle est peu créative au niveau iconographique. On n'y trouve que des photos "de catalogue" des produits tels qu'on peut les trouver dans les boutiques, ou des photos de personnes et de réunions. Les trains avaient trouvé Turner et Monet. L'ordinateur n'a inspiré que quelques dessinateurs humoristiques !
Expérimenter graphiquement le monde futur, comme une forme de prospective ? C'est une voie que proposait Garaudy 56en commentant Fernand Léger. Mais qui n'a pas apporté beaucoup, du moins en peinture. En BD, peut-être ? Et certainement au cinéma. Encore qu'on s'aperçoive que "la réalité dépasse la fiction". Sortis de quelques vaisseaux spatiaux impressionnants et d'armures plus ou moins terrifiantes, les dessinateurs, même "animés", si l'on peut dire, n'ont pas grand chose à dire. Le futurisme prophétique d'un Robida n'a pas de successeurs. Notons tout de même quelques effets ambitieux dans le troisième volet de Matrix.
Ne désespérons pas de l'avenir. Mais en attendant un nouveau Léger, explorons une autre voie : l'intégration de la machine au travail du peintre. Aimer les machines, ce n'est pas tant souhaiter avoir leur photo dans son portefeuille, c'est vouloir faire des enfants avec elles ! C'est la voie que nous explorons avec notre projet de "robot artiste-peintre", que nous présentons plus loin dans cet essai.

Peindre, comment ?


L'emploi pur et simple des logiciels de dessin pour peindre n'a pas débouché, à notre connaissance, sur des oeuvres importantes. Ils semblaient pourtant très prometteurs au début des années 1990, quand l'image à haute résolution et des machines assez puissantes pour faire fonctionner des logiciels élaborés ouvraient la voie. Ces outils n'ont pas eu de succès durable dans le monde de l'art pictural proprement dit. Alors qu'ils font partie de l'atelier, qu'ils sont l'atelier même des graphistes et des équipes créatives.
Cette déception vient peut-être du retard des moyens d'expression matériels de l'ordinateur. On dit toujours que les technologies vont trop vite, et que les humains n'arrivent pas à suivre. Ce n'est pas le cas pour la peinture à proprement parler.
Pour l'instant au moins, l'ordinateur avec le meilleur logiciel du commerce reste mal équipé pour produire des oeuvres peintes ayant cette richesse matérielle en profondeur. Les imprimantes, même de haut niveau, ont été surtout conçues pour optimiser le rendu photographique sur un papier glacé. Il est plus difficile de faire bien chanter un papier mat ou à grain. Nous verrons les limites que cela impose, par exemple, à notre projet logiciel.
En attendant l'avènement de meilleurs périphériques de matérialisation des oeuvres, explorons une autre forme de coopération entre l'homme et la machine : construire des logiciels qui disposent d'une autonomie, plus ou moins grande, par rapport à la demande de l'artiste. La perspective est immense, et notre programme n'est donc que le signe avant-coureur d'une nouvelle génération de composants, peut-être demain de chips que l'on pourra se faire installer comme un piercing à l'oreille, selon l'image suggestive de William Gibson dans The Neuromancer57. Roxame, ce n'est pas le Vinci de la nouvelle Renaissance, mais ce pourrait être le Giotto qui l'annonce.
Et, de même que cette Renaissance artistique et intellectuelle devait conduire à une redistribution des rôles économiques et politiques, le fait même de développer des machines qui soient partenaires autonomes de l'humain créateur conduit à percevoir dès à présent tout différemment les différents rôles dans la vie artistique de demain. Non plus le consensus pré-photographique de la compétence et du bon goût. Non plus, autour du système cohérent des machines, l'éclatement commnautariste des négations conceptuelles opposées aux vulgarités des mass media comme aux amateurismes. Mais, dans une harmonie retrouvée, dans une danse tantôt lascive, tantôt guerrière, tantôt suavement apaisée, le jeu multiforme de tous les humains et de leurs oeuvres toujours plus animées.
Mais, jusqu'à présent, cette perspective d'œuvres "autonomes", d'artefacts non totalement maîtrisés, inquiète. Les humains se partagent entre ceux qui s'abandonnent sans états d'âme aux charmes, aux avantages, aux sécurités même qu'apportent les automates et ceux qui en ont peur. Dans nos démocraties libérales, les rôles se partagent assez clairement. D'un côté les fabricants et leurs équipes de communication font miroiter les charmes de la machine et escamotent ses inconvénients. De l'autre, des essayistes ou des auteurs de science-fiction dressent des tableaux apocalyptiques de l'avenir qu'elles nous promettent 58. On trouve rarement d'exploration "impartiale" de ces avenirs, aujourd'hui moins que jamais, sans doute parce que les facteurs d'incertitude sont tels et les paramètres tellement nombreux que plus personne ne veut prendre le risque de se ridiculiser dans les cinq ans qui viennent. Le dernier effort en ce sens, à notre connaissance, est le 2100, récit du prochain siècle, publié en 1990 59. Notre projet est une exploration concrète en direction de cet avenir.
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