Fabien Gris, «Emmanuel au carré : Un roman russe ou l’écriture des retours»







télécharger 13.36 Kb.
titreFabien Gris, «Emmanuel au carré : Un roman russe ou l’écriture des retours»
date de publication17.12.2016
taille13.36 Kb.
typeManuel
a.21-bal.com > littérature > Manuel

Laurent Demanze, « Les vies romanesques d’Emmanuel Carrère »



Depuis L’Adversaire, Emmanuel Carrère tourne le dos à la fiction pour saisir la réalité, entre usage du document et éthique de la restitution. Pourtant, Un roman russe, D’autres vies que la mienne et Limonov n’en continuent pas d’être aimantés par le romanesque. En cherchant à constituer au fil de ces écritures de la vie un romanesque sans roman, il s’agit surtout pour Emmanuel Carrère d’en appeler à une prise en charge de la complexité des vies, en intégrant les myriades de fictions que chacun se fabule. Avoir une vie romanesque, c’est donc conquérir activement ou déployer esthétiquement une vie complexe et plurielle.

Annie Oliver, « Kotelnitch, allers et retours »



Même si Emmanuel Carrère semble s’émanciper à mesure de la fiction, Un roman russe a encore très largement partie liée au romanesque, comme l’indique son titre. Il entre en effet en résonance avec toute une bibliothèque romanesque qui fonctionne comme contrepoint et comparaison. Il s’inscrit surtout dans la tradition du roman familial et du récit des origines, avec ses secrets et ses fantômes. Mais surtout le livre ausculte ce qu’il en coûte de vouloir être romancier de sa vie, et quels sont les périls quand on veut plier le réel, en rêvant le récit comme un texte performatif : la mort et la folie ne sont alors jamais loin.

Fabien Gris, « Emmanuel au carré : Un roman russe ou l’écriture des retours »



En 2004, sort sur quelques écrans Retour à Kotelnitch, un documentaire d'Emmanuel Carrère. Le film se situe à mi-chemin du making-of (celui d'un documentaire commandé par la télévision française) et du journal intime (l'évocation de ses origines russes). Or, trois ans plus tard, l'écrivain revient sur cet objet étonnant, pourtant déjà spéculaire en lui-même, mais cette fois par le biais de l'écriture : il s'agit d'Un roman russe, qui fait, entre autres, retour sur ce tournage. À la manière du film, le récit croise à nouveau fil autobiographique et réflexion sur la création. Mais la narration de la fabrication erratique – et qui sera in fine confrontée à la tragédie – du documentaire amène l'écrivain à s'interroger sur la manière d'accueillir la violence du réel dans son oeuvre. Poupées russes cinématographique et littéraire : le détour par l'expérience filmique lui permet de tracer les contours d'une poétique particulière, qui se joue davantage dans le montage et le commentaire des événements que dans leur mise en scène.

François Berquin, « Boîte vocale »



Le téléphone aurait pu, à l’évidence, être un très bon objet pour Emmanuel Carrère. N’a-t-il pas tout pour lui plaire ? Il permet une relation immédiate à l’autre, une relation « efficace », et c’est là sans doute ce qu’Emmanuel Carrère en écrivant vise avant toute autre chose. Las ! Les téléphones dans son œuvre réservent toujours de mauvaises surprises. Ces déceptions, pour douloureuses qu’elles soient parfois, semblent néanmoins fécondes : elles constituent une (difficile) initiation à l’écriture, c’est-à-dire peut-être à ce que Jacques Derrida appelait la différance.

Estelle Mouton-Rovira, « Figures de lecteurs et programmes de lecture dans Un roman russe, D’autres vies que la mienne et Limonov d’Emmanuel Carrère »



Les textes récents d’Emmanuel Carrère, Un roman russe, D’autres vies que la mienne et Limonov mettent en scène plusieurs figures de lecteurs intradiégétiques : personnages des récits, destinataires, lecteurs effectifs ou fugitifs de leur propre histoire, ils sont des points d’appui pour le lecteur réel. Le texte semble être le lieu privilégié où observer les effets concrets de la lecture, dans la perspective d’une « littérature performative » pour reprendre les mots de Carrère, capable de transformer le réel dont elle se saisit. Une croyance en un pouvoir effectif de la littérature se dessine entre les pages de Limonov : personnage fascinant pour son biographe, il montre aussi en quoi le lecteur réel est pour Carrère une cible vivante et sensible. Si les lecteurs intradiégétiques d’Un roman russe sont victimes d’un dispositif parfois violent de dévoilement de l’intimité, au sein duquel le lecteur réel risque de ne pas trouver sa place, D’autres vies que la mienne propose un pacte de lecture fondé sur une confiance totale accordée au narrateur. L’expérience personnelle de l’auteur garantit la fiabilité de la narration et invite à une lecture participative, empathique. L’étude des figures de lecteurs permet de définir différents programmes de lecture et de comprendre comment se constitue la relation de l’auteur au lecteur réel, à partir de l’exigence d’un partage effectif de l’expérience vécue.
Claude Burgelin : « L’art complexe de la simplicité. D’autres vies que la mienne »
Après Un roman russe, qui était le livre du labyrinthe intime et des frontières embrouillées, Emmanuel Carrère s’essaye à démêler les fils des existences ordinaires dans D’autres vies que la mienne. Un art de la simplicité, mais qui réclame de tenir à distance la tentation de faire de la littérature à partir du malheur d’autrui : il faut alors inventer la place depuis laquelle écrire, une juste place, qui emprunte à une psychanalyse renouvelée et à un art du tact. Les vies les plus simples sont alors ressaisies avec émotion et justesse dans un travail d’épure de l’écriture.

Matine Boyer-Weinmann, Limonov : (auto)portrait de l’artiste en mauvais garçon
Après quelques années de parenthèse formaliste, le récit de vie connaît un regain et un engouement renouvelé, entre fiction biographique et biographie fictionnelle, au fil de textes qui s’adonnent volontiers à l’expérimentation narrative comme à la variation identitaire. Limonov, écrit après avoir sondé le courage des vies ordinaires, se livre à une telle variation de soi par double interposé dans un aventurier et écrivain de la Russie post-soviétique. Dans ce récit métacritique, Emmanuel Carrère travaille à partir de l’auto-mytho-biographie de Limonov lui-même. Mais derrière les métamorphoses de cet écrivain protéiforme, on peut se demander si le véritable objet du récit n’est pas la Russie elle-même, dans ses contradictions et ses spasmes historiques, qui donnent au texte une couleur épique.

Dominique Rabaté, « Un héros de notre temps ? Limonov et les pouvoirs de la littérature »
Dans Limonov, Emmanuel Carrère s’inscrit sans doute pleinement dans la veine contemporaine des fictions biographiques. Pourtant ce qu’il traque dans la vie de cet écrivain russe, c’est sa capacité de métamorphose et de transfiguration, où la littérature a sa part. Plus qu’une enquête biographique, il s’agit de concevoir les œuvres de Limonov comme le lieu d’une invention de soi, susceptible de tenir à distance les tentations de la violence, et, en se construisant comme un personnage de fiction romanesque, de s’imposer dans une Russie qui a tout de la fiction paranoïaque d’un Philip K. Dick.

similaire:

Fabien Gris, «Emmanuel au carré : Un roman russe ou l’écriture des retours» iconŒuvre emblématique du Nouveau Roman. La critique, qui avait lu ds...
«Ces répétitions, ces infinies variantes, ces coupures, ces retours en arrière peuvent donner lieu à des modifications bien qu’à...

Fabien Gris, «Emmanuel au carré : Un roman russe ou l’écriture des retours» iconParcours de Roman des origines, origines du roman de Marthe Robert
«sérieux» à propos de ces ouvrages «faux», «voué[s] à la fadeur et à la sensiblerie» quand on connaît l’importance du phénomène romanesque...

Fabien Gris, «Emmanuel au carré : Un roman russe ou l’écriture des retours» iconRetours de résidanse

Fabien Gris, «Emmanuel au carré : Un roman russe ou l’écriture des retours» iconSurtout ‘’Les enfants terribles’’, ‘’La machine infernale’’
«Écrire, pour moi, c’est dessiner, nouer des lignes de telle sorte qu’elles se fassent écriture, ou les dénouer de telle sorte que...

Fabien Gris, «Emmanuel au carré : Un roman russe ou l’écriture des retours» iconEntre abstraction et sensualité : une partition au carré

Fabien Gris, «Emmanuel au carré : Un roman russe ou l’écriture des retours» icon«Le roman»
«Le plus grand défaut de cette œuvre, c’est qu’elle n’est pas un roman à proprement parler.»

Fabien Gris, «Emmanuel au carré : Un roman russe ou l’écriture des retours» iconSciences et Technologies du Management et de la Gestion Mercatique
«Carré Delos». Cette innovation permet à Gérard Delos de figurer au Grand Guide des Inventions et de remporter deux médailles d’or...

Fabien Gris, «Emmanuel au carré : Un roman russe ou l’écriture des retours» iconSurtout ‘’Les Chouans’’, ‘’Le colonel Chabert’’, ‘’Le lys dans la...
«petites opérations de littérature marchande», des «cochonneries littéraires», un roman médiéval, ‘’Agathise’’ qui deviendra ‘’Falthurne’’,...

Fabien Gris, «Emmanuel au carré : Un roman russe ou l’écriture des retours» iconEmmanuel mounier (1905-1950)
«Idées», 1962. [Texte disponible dans Les Classiques des sciences sociales. Jmt.]

Fabien Gris, «Emmanuel au carré : Un roman russe ou l’écriture des retours» iconLittérature russe







Tous droits réservés. Copyright © 2016
contacts
a.21-bal.com