« PIN UP » SANS DISCRIMINATION : ÉGALE ET LIBRE
PRÉSENTATION DE L’EXPOSITION Cette exposition s’impose comme un projet : le Projet « Pin up »i. Tout d’abord, une inspiration esthétique sur le thème de la « Pin up » avec modèles exclusivement féminins vers une immersion dans un questionnement sur le genre et la culture qui se matérialise en document supplémentaire présenté dans le cadre de l’exposition. Les photographies prédominantes de l’exposition reposent sur une méthodologie de type studio : le modèle féminin se prête à une séance photographique à la même esthétique d’un autre temps et aux mêmes jeux de poses. Dans un premier temps, une recherche d’historicisme dans la sélection d’un décorum (accessoires, vêtements, coiffure, maquillage, poses, etc.) et dans la technique photographique (couleur, luminosité d’époque, iso, temps d’exposition, sans retouche, etc.). En arrière de ces choix, les scènes narratives où sont présentés les modèles féminins sont toutefois ancrées dans la contemporanéité en tentant d’éliminer la figure d’un patriarcat d’un autre temps. Le modèle est fortement empreint d’indépendance et d’esthétisme affirmé. Chacune des mises en scène a été soigneusement réfléchie et balisée tout comme le titre de l’œuvre dans un souci d’évacuer toute forme de suprématisme (sexuel ou raciale). Néanmoins, des pistes de réflexion submergent de cette série de photographies. En parallèle, autant dans sa production que dans sa diffusion, l’artiste désire documenter la quotidienneté de chacun de ces modèles singuliers. En effet, ces modèles ont répondu à l’appel, qu’elles soient professionnelles ou non, d’origine diverse, de formes et d’âges variés. Juxtaposés aux photographies de type studio, nous retrouvons dans l’exposition une photographie documentaire du modèle à l’extérieur du studio. Également, une enquête sous la forme d’un questionnaire, « Entre sexisme ordinaire et ambigüité féministe et l’importance de la réalité vécue par le modèle »iipermettent de dévoiler timidement les motivations et les perceptions de chacune. Cette partie de l’étude encourage la réflexion qui porte sur la façon dont la personne se perçoit et de quelle façon elle vie autant sa féminité que sa couleur de peau, ses origines, son époque dans sa vie de tous les jours iii. Ancré dans sa démarche artistique, le projet d’exposition de photographie « Pin up » se veut une expérience autant pour le futur visiteur d’art que pour le modèle lui – même : une expérience sensorielle et intellectuelle, de délectation esthétique face à la photographie de genre, une évaluation technique, d’un jugement de goût ou même d’une projection de soi, de ses valeurs sur ce qu’incarne la « Pin up ». Qui est-elle au juste? Plusieurs facettes s’imprègnent à la « Pin up », comme le témoignent les modèles : entre femme forte et femme docile. Il n’existe pas une seule « Pin up » et ni un seul contexte. Ces images correspondent aux déclinaisons d’une construction d’un imaginaire permis par la littérature, la publicité, la mode… la société. Ni bon, ni mauvais, le genre féminin se décloisonne, se complexifie et s’autoréfléchie. L’exposition s’inscrit dans cette conjoncture et interpelle à la réflexion.
BIBLIOGRAPHIE J.-P. BOUTINET(1990), « Limaire : du concept au paradigme », in Anthropologie du projet, Paris, P.U.F., 1990. J.-P. BOUTINET (2001), « Discipline, didactique et projet, à propos de l’enseignement du projet en architecture », in Cahiers Thémathiques Architecture Histoire/Conception, no.1 (Discipline.Visée disciplinaire). L. K. Meisel et C. G. Martignette (1996), L’âge d’or de la pin-up américaine, Köln, Taschen. M. E. Buszek (2006), Pin-up grrrls : feminism, sexuality, popular culture, Durham, Duke University Press. C. Cotton (2005), La photographie dans l’art contemporain, Thames and Hudson.
i Le terme/concept de projet est hérité de la discipline de l’architecture et nos jours, une banalisation de son utilisation puisqu’un projet peut référer autant au champ de l’art (« Un projet artistique ») ou à la vie de tout un chacun (« Projet de vie »). Nous trouvons intéressant de l’intégrer ici puisqu’il apporte l’aspect évolutif et réceptif de la pensée de l’artiste.
ii Une enquête verbale retranscrite textuellement au courant du printemps-été 2015.
iii Ces images ainsi que quelques citations représentatives sont accolées aux photographies de type documentaire.].
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