
Blogs
Quand Sollers l’écrivain parle de Gagosian le marchand d’art
Par JUDITH BENHAMOU | 16/01/2014 17,50 euros. C’est le prix chez Gallimard du nouveau livre de Philippe Sollers. J’en donne le prix car je parle de l’ouvrage en tant que spécialiste du marché de l’art. Pourquoi ? Car l’écrivain français Philippe Sollers, nouvelle victime de cet art contemporain tellement à la mode se fend, entre les récits des massages et autres papouilleries d’une créature délicieuse et ceux des horaires d’avion qui le conduisent à son domicile vénitien , Philippe Sollers, donc nous raconte Gagosian. Oui le marchand aux antennes multinationales, Larry Gagosian. Le sujet consacré à la création actuelle commence ainsi : « Plutôt qu’à Rome, Loretta aurait dû emmener son mari à Hongkong, pour vérifier que l’art contemporain prolifère partout , et ne souille pas que Venise. Il poursuit « Mais enfin pauvres ignorants, vous ne connaissez pas Gago ? »Suivent une cascade de lieux communs comme « comment peut-il vendre autant de déchets » et « Vendre est américain, penser non ». Suit encore un méli-mélo sur l’art, l’interdiction des femmes nues, l’Islam et le Qatar. Sollers ne s’intéresse manifestement pas à l’art. Cependant il énonce des faits non vérifiés mais intéressants sur les origines des fonds pléthoriques du marché de l’art actuel : « … le marché de l’art (qui )s’avère bien plus opaque. Ce marché noir se prête parfaitement à ce genre de pratiques, puisque des ventes en millions de dollars ont lieu en secret et ne font l’objet de quasiment aucun contrôle ». Enfin au chapitre suivant Philippe Sollers revient à des affaires plus sérieuses et commence ainsi : « Ada a dû faire du bateau toute la journée, elles est nette, ensoleillée, en jupe ». 17,50 euros ne semble cependant pas un bon investissement pour faire le point sur le marché de l’art en compagnie de Philippe Sollers et Ada.
Paris est en période de fin d’expositions.
Avant sa clôture le 19 janvier je suis allée voir « Théâtre du monde », l’exposition d’un mix des collections du fantasque et intéressant collectionneur australien David Walsh et de celles du musée de Tasmanie. Un cabinet de curiosité géant. Le sujet est à la mode est il peut friser la décoration, ce qui est un peu gênant. Cela dit certaines mises en scènes sont vraiment exceptionnelles comme celles consacrées aux tapas (ces étoffes décorées faites d’écorces battues) avec au centre la confrontation d’un sarcophage égyptien avec une figure de femme de Giacometti qui appartient cependant à la fondation Maeght. Le message est clair : en Art il n’y a de frontières ni dans le temps ni dans l’espace.
Passage par l’exposition de la collection du photographe japonais d’art japonais, Hiroshi Sugimoto à la Fondation Pierre Bergé Yves Saint Laurent qui se termine le 26 janvier. Trop petit. Charmant mais trop petit. Plus une vidéo « Accelate buddha » qu’on peut voir vite. Au Printemps le même artiste montrera ses collections plus étranges, d’art populaire semble t-il, au Palais de Tokyo le bien nommé, pour l’occasion.

La galerie Ropac présente dans son grand lieu de Pantin une exposition consacrée à la scène newyorkaise dont le commissaire est Norman Rosenthal, l’ancien patron de la Royal Academy de Londres. C’est là que Julian Schnabel (ici en photo avec le très souriant Thaddaeus Ropac montre ses nouvelles peintures. Selon moi il est un grand cinéaste et moins bon peintre mais cette série sur papiers peints est plus intéressante que la moyenne. Il a fait le déplacement ce dimanche à Pantin. L’installation la plus étonnante de ce show excentrique est signée d’un australo-norvégien, Bjarne Melgaard qui revisite le répertoire du Pop artist Allen Jones.
A Saint Etienne aussi on s’intéresse aux artistes américains. Le musée d’art moderne qui possède de remarquables collections inaugure une exposition bientôt. A suivre…
oOo |