Expositions: L’aristocrate des champs
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 Expositions: L’aristocrate des champs Trois institutions accueillent les peintures d’Inji Efflatoun. Pionnière en son domaine, celle qui était considérée comme une rebelle demeure une référence incontournable de l’art contemporain en Egypte. Ses toiles continuent de fasciner un public toujours croissant. Lire aussi GALERIE PHOTOS: Peintures d'Inji Efflatoun L’héritage d’inji efflatoun (1924-1989), l’une des pionnières des arts plastiques égyptiens, est enfin ressuscité. Après des années de négligence de la part du secteur des arts plastiques — qui a enfermé dans ses dépôts plus de 900 de ses peintures — son oeuvre est de nouveau visible. Témoins de l’histoire d’Egypte, des années 1940 aux années 1980, ces chefs-d’oeuvre se devaient d’être accessibles au public. La dernière volonté de l’artiste, selon ses proches, était de créer un musée pour abriter ses oeuvres. Un voeu qui n’a malheureusement pas été exaucé. Le ministère de la Culture s’est contenté, en septembre 2011, d’exposer 60 de ses peintures et objets d’art à travers une exposition permanente au palais de l’émir Taz, dans le Vieux-Caire. Les héritiers d’Efflatoun, représentés par son neveu Hassan Galaleddine et le ministère de la Culture, ne sont toujours pas arrivés à un accord. Son neveu qui a intenté, en 2001, un procès contre le ministère, vient d’obtenir gain de cause. Le tribunal a exigé que le neveu puisse récupérer toutes les oeuvres détenues par le ministère. Une partie de cet héritage — 48 oeuvres : peintures à l’huile, aquarelles et esquisse (sur un total de 900) — est exposée à la galerie SafarKhan, à Zamalek. « Nous avions offert, depuis 1994, au ministère de la Culture, l’héritage artistique de ma tante pour en faire un musée à Fostat, dans le Vieux-Caire. Mais notre demande a été traitée avec indifférence par le ministère. Il s’est contenté d’exposer, en 2005, 152 oeuvres au Centre des arts contemporains, à Hélouan. Un endroit inaccessible et peu connu du grand public. Depuis septembre 2011, une exposition composée de 60 peintures et objets d’art est visible dans l’une des salles du palais Taz, mais cela ne répond pas au testament de ma tante. De quoi rompre tout accord avec le ministère. Mais j’ai l’intention de garder l’exposition permanente dans l’intérêt du public », déclare Hassan Galaleddine. « Mais que va-t-on faire de tout cet héritage ? J’ai pensé le promouvoir auprès des amateurs et collectionneurs à travers des galeries privées. La première à adopter cette idée fut la propriétaire de SafarKhan », ajoute-t-il. Les expositions en cours ne sont que le début d’une longue série, à défaut de pouvoir dédier un musée à l’artiste et militante de gauche. Au rez-de-chaussée de la galerie SafarKhan, c’est la phase avant-gardiste entre 1942 et 1945 de cette artiste, disciple de Kamel Al-Télmessani, qui est mise en valeur. Il s’agit de contes mythiques qui dépeignent ses rêves et ses cauchemars. Plus à droite sont exposées des oeuvres inédites, peintes lors de ses années de prison entre 1959 et 1963. Son côté engagé et féministe s’affiche clairement, grâce à des toiles comme Derrière les barreaux, Le Rang des prisonnières, La Visite … Des oeuvres marquées par une forte expressivité, caractérisées par des couleurs chaudes et foncées. Du surréalisme, qui caractérise le rez-de-chaussée, au réalisme social qui marque le deuxième étage, les oeuvres datant des années 1970-80, traitent du thème de la dominance homme-femme et de la lutte des Egyptiens contre la colonisation britannique. Citons Champs de maïs, Filles de la campagne, Porteuses de jarre, Maisons nubiennes, Cueillette des oranges, Tissages d’Akhmim ... des oeuvres usant surtout du pointillisme : un style cher à l’artiste avec lequel Efflatoun dépeint la campagne égyptienne et le quotidien des villageoises fatiguées. Car en dépit de ses origines aristocratiques, Efflatoun a choisi volontairement d’abandonner la vie de luxe et de se rapprocher des petites gens. Par coïncidence, la galerie Picasso, à Zamalek, expose en même temps 10 peintures d’Inji Efflatoun. Ici, il ne s’agit pas d’un héritage récupéré mais de la collection privée de la galerie. Ibrahim Picasso, le propriétaire, était l’un des proches d’Efflatoun et fréquentait régulièrement son atelier, rue Hassan Sabri, à Zamalek. « J’ai fait la connaissance d’Efflatoun dans les années 1960, alors que je travaillais pour un magasin d’encadrement au centre-ville. Je rêvais d’acheter l’une de ses peintures, mais je n’avais pas les moyens. En 1967, j’ai ouvert dans le quartier de Choubra, qui a vu la naissance d’Efflatoun, mon propre magasin d’encadrement. L’artiste y venait souvent avant de se rendre à sa ferme de Kafr Chokr, dans le Delta. Sa première oeuvre que j’ai eue date de 1968 », déclare Picasso. Ce dernier a choisi d’exposer 10 de ses peintures datant des années 1980, celles de la période pointilliste de l’artiste. Jusqu’au 20 janvier à la galerie Picasso. Et jusqu’au 2 février à la galerie SafarKhan. | Page |
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