La ville contemporaine fait-elle encore société ? Plus que jamais, les villes sont







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PH Lesquels?
AC Les chantiers des chantiers
PH Ah oui Mais aussi les nefs et les pontons aussi et la pointe

ouest, enfin tout ça en même temps, comme métaphore du projet tout

entier !
AC Les chantiers du projet urbain, le chantier comme espace

public complexe, non pas ce que sont les espaces publics devenus, c’est-àdire

une espèce d’esthétique, un académisme à plat, hérissé de candélabres

et de mobiliers, mais un chantier, du travail sur l’épaisseur, ce que nous

avions exploré à La Villette, plus toutes les dimensions d’un projet : une

coupe dans l’épaisseur de la cité.
PH Les espaces publics ne considèrent pas seulement les sols, les

plantations, l’éclairage. Ils sont une épaisseur, un volume, qui concernent

le sous-sol, les réseaux, les façades des bâtiments et leurs prolongements

extérieurs. Les espaces publics définissent des îlots, des capacités d’accueil

pour de nouveaux programmes. Les nefs de la Loire, depuis la fermeture

des chantiers navals en 1987 ont été peu ou mal utilisées par des program


conversations au bord de la Loire 117
mes n’ayant pas de rapport avec l’activité passée du site. De nombreux programmes

ont été imaginés, chacun se projetant dans la réutilisation de cet

imposant bâtiment — un hectare d’emprise au sol — en un équipement

culturel «majeur». Le choix d’un programme spécifique, son élaboration,

la confirmation de son adéquation avec les nefs, sa mise au point aurait

nécessité de nombreux mois, un financement particulier, le montage de

partenariats entre collectivités, Les conditions de réalisation d’un projet

de cette envergure nécessitent une énergie telle qu’elle assécherait d’autres

programmes, d’autres initiatives prêtent à venir.
Les nefs de la Loire font partie intégrante de l’histoire des chantiers

navals. Ce que l’on voit aujourd’hui est ce qui reste des démolitions

qui ont suivi la fermeture des chantiers. Les traces laissées sur le sol témoignent

de cette activité: marbres, rails, cales, sols d’anciens ateliers. On comprend

qu’un site industriel se façonne et se transforme au gré des besoins

de la production. Il se crée par additions, soustractions de bâtiments qui

se transforment et s’adaptent à chaque nouveau chantier. De plus, lorsque

l’on regarde des photos des chantiers en activité, on est frappé par l’extrême

densité des constructions, du foisonnement des activités que le vide

actuel ne laisse pas imaginer. La «friche» qui fascine tant de personnes,

que certains aimeraient conserver en l’état comme signe d’un espace non

déterminé, où tout reste toujours possible, ne correspond pas à la nature du

lieu, conçu pour une activité intense. C’est en comprenant cette réalité des

chantiers, qu’il est apparu évident de lier dans un même ensemble le site

des chantiers et les nefs, dans un «parc urbain», à l’intérieur duquel pourraient

se dérouler successivement et concomitamment spectacles, manifestations,

chantiers, visites et concerts
AC La ville n’est pas le réceptacle, elle est un espace vivant.

L’espace public, non pas comme lieu de représentation mais comme lieu

ouvert à des initiatives, des chantiers: des espaces d’initiatives. On a trop

118 La ville qui s’invente
tendance aujourd’hui à penser communication et événementiel, l’un allant

avec l’autre. Comme si le syndrome de «Paris plage» tenait lieu de projet. À

Nantes, la culture précède la maison. Comment dire les choses? Il existe à

Nantes une dynamique liée à une sorte de tradition qui se trouve illustrée

Immeuble de par le Lieu unique, dans laquelle la culture précède la maison et la maison
logements, architecte
Hervé Beaudoin. accueille la culture. La culture de la ville est présente comme un extraordi


naire ferment qui nous a portés et conduit à nous dépasser pour penser le

projet de l’île et l’espace public comme l’équipement majeur, le projet phare.

L’équipement majeur c’est la ville, la forme d’une ville. Les manifestations

qui s’y déroulent sont une manière de le manifester, ne nous trompons pas

d’histoire. C’est la ville comme projet qui porte l’imaginaire. C’est l’éléphant

qui est un occupant des nefs et non pas les nefs qui ont été créés par ou pour

l’éléphant. Les nefs de la Loire ne sont pas la maison de l’éléphant, c’est un

hôte de passage. Les manifestations sont passagères. Cependant, il existe dans
Les quais de

la Loire depuis

l’Île-de-Nantes.

l’esprit du lieu, dans l’idée même des chantiers, quelque chose qui inscrit

l’idée des initiatives. Les chantiers c’est une sorte de «syndicat» des initiatives

urbaines. Ce qui est intéressant dans le processus d’élaboration des manifestations,

c’est à quel point le projet a été pensé en fonction des différentes

histoires que personne ne souhaitait départager. En fait, elles cohabitent et

c’est leur simultanéité qui fait des chantiers, un lieu d’expression.
Du bon emploi du plan guide

Les conditions d’intégration urbaine et des données du futur contexte

sont établies à partir du plan guide. Ce «plan de ville» exprime une trame

urbaine et détermine les espaces publics qui définissent les parcelles ou îlots

constructibles.

Deux ans se sont écoulés depuis le premier plan guide qui était
Alexandre l’expression de l’équipe de maîtrise d’oeuvre déclarée lauréate de l’étude de
Chemetoff,
paysagiste définition. Le plan guide qui vous est présenté est le reflet du travail mené
et architecte.
en liaison étroite et régulière avec la mission Île-de-Nantes et l’ensemble

des acteurs du projet. Il s’inscrit dans la tradition des plans de la ville de

Nantes (cf. Nantes, plans commentés 20 plans du xviiie et xxe présentés par

Gilles Bienvenu, éditions MeMo, 1994).
Ce n’est pas seulement un plan, c’est une méthode de travail.

C’est un diptyque qui compare état des lieux et projet. Nous avons choisi

de représenter ce qui existe, que ce soit dans les parcelles privées ou dans

l’emprise des espaces publics de la même façon que nous avons dessiné le

projet. En apportant à la figuration de ce qui existe autant de soins que ceux

que nous consacrons à la représentation du projet, en adoptant les mêmes

codes graphiques, nous avons cherché à nous mettre en situation de pouvoir

apprécier à tout moment la nécessité de telle ou telle modification et

de fonder ainsi la décision d’engager les travaux sur un examen critique du

rapport entre ce qui existe et ce que nous envisageons: l’avant et l’après.
Cette cartographie attentive de ce qui constitue le territoire de

l’île est une manière de faire en sorte que le projet soit clairement entrepris

comme une modification d’un état des lieux. La condition d’un urbanisme

démocratique c’est que tout le monde puisse disposer des mêmes cartes,

120 La ville qui s’invente Du bon emploi du plan guide 121
L’île-de-Nantes.
122 La ville qui s’invente
en l’occurrence une carte de géographie. Cette discipline de travail permet

de considérer l’existant non pas comme une somme de contraintes mais

comme le point de départ d’un projet. Il ne faut pas perdre de vue que l’ensemble

du territoire concerné a déjà été aménagé, et ce que nous entreprenons

n’a de sens que lorsqu’on l’envisage par rapport à cette antériorité. Les

traces laissées sur le sol par les occupations précédentes, la trame parcellaire,

le volume d’une construction ou la silhouette d’un arbre sont autant d’éléments

qui composent un paysage que nous considérons comme le fond de

plan de notre intervention, à la fois en plan, en coupe et en élévation.
L’état des lieux constitue un site à partir duquel se construisent

les transformations du projet. Certains édifices sont conservés et

d’autres serviront de point de référence pour la détermination des hauteurs

constructibles. C’est ici l’existant qui transmet leurs caractéristiques aux

constructions futures. Le dessin du plan guide doit être compris comme

étant la représentation de projets. Il constitue bien le coeur de la démarche

entreprise ici sur l’Île-de-Nantes et représente la ville en état futur d’achèvement.

D’une certaine façon tout ce qui est représenté est réalisable, ce

qui ne signifie pas que cela sera réalisé. Ainsi ne souhaitons-nous pas, a

priori, tout réaménager, mais plus exactement améliorer ou compléter ce

qui existe. En tout cas, chaque chose est mesurable, et chacun peut en

apprécier les incidences et les effets.
C’est un document destiné à être publié, accompagné d’illustrations,

de dessins, de photos d’état des lieux, de photos de chantier, afin

d’en préciser le sens et le propos. Cette volonté d’«hyper réalisme» n’est

pas seulement un choix esthétique, c’est aussi l’expression de notre conviction

que sur ce plan peuvent être reportées les grands et les petits projets

et qu’il constitue le reflet des décisions prises et à prendre. Le plan guide

doit devenir celui de la communauté urbaine. Pour cela, il faut qu’il soit

amendé pour être partagé et accepté par tous.
Du bon emploi du plan guide 123
Le plan guide, une démarche de projet
Le plan guide est la carte de l’île en état futur d’achèvement,

représentant avec le même soin l’état des lieux et la projection dans l’avenir.

Le plan guide est l’outil évolutif de la fabrication urbaine. Plus qu’une

représentation du projet, c’est un élément de sa méthode. Il figure l’ensemble

des îlots, occupés ou disponibles, fixe l’ambition et en détermine

les contraintes. Tout y est dessiné avec une égale précision, ce qui existe,

les hypothèses probables, les idées plus prospectives, c’est un document

évolutif qui n’a pas la rigidité d’une règle ou d’une procédure. C’est un

document de référence, il guide l’action à court terme, dans le cadre d’une

vision du territoire à long terme. Il prend en compte l’ensemble des politiques

sectorielles de la Ville et de l’agglomération, et accueille toutes les

actions entreprises.
Le plan guide révèle les cohérences d’un territoire complexe, en

proposant d’associer l’ancien et le nouveau, ce qui existe et ce qui est créé.

Sur l’Île-de-Nantes, le territoire est un patrimoine commun à partir duquel

s’élaborent les projets et les programmes.

124 La ville qui s’invente
Sur l’Île-de-Nantes,

l’arbre n’est pas un sujet isolé
Chaque arbre, chaque type de plantation est déterminé par le contexte.
Chaque arbre, chaque type de plantation détermine un contexte. La planta

tion de l’arbre est intimement liée à la transformation de l’espace public : de
l’interface entre racines et réseaux, à la façon dont le volume des branches
et celui des feuilles participent au confort des façades, en passant par la
Alexandre manière dont le sol de la ville s’interrompt pour laisser passer la fosse et le
Chemetoff,
paysagiste tronc, chaque situation est l’occasion d’un nouveau questionnement, d’une
et architecte.
nouvelle transformation.
L’arbre est plus qu’une « émergence », il est une épaisseur qui

traverse, du sous-sol aux toits des immeubles, les différentes strates de la

ville. La position de l’arbre se comprend aussi bien en plan, en coupe qu’en

volume : son propre volume ainsi que celui qu’il définit avec ce qui l’entoure.

L’espace compris entre le feuillage et une façade devient un lieu d’échange

et de dialogue, que chacun entend entretenir avec l’élément vivant.
La distance entre arbres, puis la distance entre les arbres et les

façades ne sont pas seulement les résultantes d’interdistance entre places de

stationnement ou de principes appliqués de façon systématique, mais des

choix de projet dictés par la lecture des contextes et l’attention qui doit être

portée à chacun, riverain ou passant.
Il n’existe pas pour nous de différence entre un arbre situé

au coeur d’un jardin et un arbre planté le long d’un trottoir. Il mérite les

mêmes attentions, les mêmes soins. Sa taille, son suivi vont de pair avec

une volonté d’étendre le confort urbain aux trottoirs, aux places, comme

si les qualités des jardins et les savoirs faire des jardiniers sortaient de leurs

enceintes pour envahir les espaces publics jusqu’aux plus anodins.

L’arbre n’est pas un sujet isolé 125
C’est pour cela que sur l’Île-de-Nantes, nous avons entrepris autour des jardins,

mais aussi sur chaque trottoir créé ou transformé un travail spécifique

sur les végétaux. Certains projets sont construits autour d’arbres conservés:

sur le boulevard du Général-De-Gaulle, le nivellement a dû s’adapter à

certains arbres qui constituaient une des qualités majeures du site. D’autres

utilisent le végétal pour maîtriser les ambiances et le climat : dans la transformation

des nefs Dubigeon des haies brise vents de grande hauteur sont

plantées le long du bâtiment — par ailleurs totalement ouvert — afin de

filtrer et atténuer le vent.
La reconquête des berges de Loire amène parfois à abattre certains

arbres : le long du boulevard Blancho, les berges ont été profilées afin

d’adoucir la pente et de ménager des vues sur la Loire. Pour cela une sélection

a été opérée dans les nombreux arbres existants afin de déterminer ceux

qui pouvaient être abattus. D’autre part, les arbres existants remarquables

se retrouvent sur des bastions afin de préserver leur développement racinaire

et de constituer des placettes dominant la Loire.
Le renouvellement d’alignements anciens — rares sur l’Îlede-

Nantes — amène la question de la méthode de remplacement : dur le

boulevard de la Prairie-au-Duc, un alignement de platanes, abîmés par des

tailles brutales, marque fortement l’identité de cet axe important dans la

constitution et la desserte de l’Île-de-Nantes. Il s’agit de savoir de quelle

façon cet alignement va pouvoir être renouvelé en maintenant la forte présence

des arbres, en anticipant leur entretien et en répondant par avance

aux riverains soucieux de conserver de la lumière dans leurs logements.
Enfin, à partir d’une végétation spontanée, un jardin peut être

élaboré: en lieu et place d’une ancienne usine, une friche avait pris place

sur la dalle en béton. À partir de la végétation en place, un jardin a été imaginé.

S’appuyant sur le savoir faire des jardiniers de l’île, un tri scrupuleux

de la végétation a été réalisé afin de composer, à partir de cheminement en

126 La ville qui s’invente
caillebotis métallique préservant les plantations, un parcours de découverte

botanique. Chaque rue, chaque espace est caractérisé par une essence ou
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