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contemporanéité: «comment devenir moderne tout en conservant ses racines dans un même mouvement » 12, «ville-paysage» ou ville-région de Kenneth Frampton, «Citta diffusa» de Bernardo Secchi, «ville ancienne la ville qui s’invente 13 versus architecture moderne» de Sergio Crotti, «ville par parties» de Carlo Aymonino et de Jean Nouvel, grilles américaines… — une culture opportuniste, qui est celle de la mutation permanente, un mélange des esthétiques «d’avant-garde» de la ville mondialisée, villes émergentes de la promotion immobilière, «ville franchisée» de David Mangin, «ville générique » de Rem Koolhaas, sprawling city… — une culture hybride qui associe greffe, clonage et métissage dans une adaptation historicisée : ville postmoderne et ville post-hausmannienne qui colonisent ses périphéries, ville analogue de Aldo Rossi, collage city de Colin Rowe et Fred Koetter, ville-passante de David Mangin… Classification qui démontre combien il est difficile de définir la ville contemporaine. La culture de la ville ne doit pas être confinée dans une industrie de la demande piégée entre humanisme et marché. Le droit au logement, le droit au travail, le droit à l’éducation et à la culture… et les questions du savoir vivre ensemble, du bien-être de l’habité sont-elles des problématiques déplacées qui annoncent un désenchantement de la ville vers une industrie sans méthode, sans règles? Est-ce que l’univers du petit pavillon ou celui subventionnée de la dernière oeuvre d’avant-garde peut construire une civilisation nouvelle, un patrimoine commun? Où se situeraient aujourd’hui l’auteur de Broadacre City et les premiers désurbanistes soviétiques du xixe siècle, comme celui du Plan Voisin et les partisans de la ville linéaire dans la ville-paysage ou la ville-région qu’ils envisageaient déjà? Pour Wright, comme pour Le Corbusier, Cerda ou Miliutin, la représentation qu’ils concevaient de l’idéal-type de la ville ou d’une «anti-ville» était un «idéal-régulateur» de la transformation de la ville comme d’une civilisation. Si la ville est comme un théâtre selon Olivier Mongin, un lieu de la fête permanente, ne risque-t-on pas de la perdre dans une scénographie: une constellation de villages Potemkine? La ville à venir risquerait d’être un décor fantomatique sans contenant ni contenu où tout est interchangeable: 14 La ville qui s’invente la ville-chaos comme mépris des citoyens et méprise de la République. À l’inverse, le destin historique de la ville pour Manfredo Tafuri mais aussi pour Julien Gracq est de s’incarner comme le lieu unique de l’affranchissement des servitudes humaines et comme support de la liberté civique. C’est la civitasrespublica de «la condition de l’homme moderne» d’Annah Arendt. projet urbain intégrateur des contraires. ManfredoTafuri constate que la révolte angoissée contre la «métropole anti-humaine» dominée par le mouvement du flux monétaire n’est rien d’autre qu’une nostalgie, un refus d’accepter les formes les plus avancées de l’organisation capitaliste, un désir de régresser vers l’enfance de l’humanité. Et quand cette idéologie vient s’inscrire dans une perspective progressiste d’aménagement du territoire et de réorganisation du secteur de la construction de logements, elle est inévitablement destinée à être récupérée et déformée par les impératifs contingents des mesures anti-conjoncturelles. L’extension à l’ensemble du territoire des modes d’existence de la grande métropole pose le problème de la spirale développement/déséquilibre. Est-il encore possible «de modifier le caractère improbable, polyfonctionnel, multiple et non-organique de la métropole tertiaire moderne, dans tous les aspects contradictoires qui peuvent être les siens?»13 Le modèle du village, de la communauté organique, du Wilderness Wrightien, de la dimension urbaine préétablie, de la dissolution de la ville ou de la production du cadre bâti dans une organisation fragmentée et statique de la ville, sont revisités aujourd’hui pour réfléchir à une autre dialectique de la ville en devenir: concilier l’organique et le non-organique, compenser l’improbable par un nouveau déterminisme du plan générateur et non totalitaire, résorber la multiplicité par le projet urbain intégrateur des contraires. «L’avenir de Dialectique des rapports urbains. Poser la question urbaine, l’architecture n’est pas un livre c’est comprendre la prudence des investissements, l’individualisme et la per théorique. » Frank Lloyd Wright manence de systèmes économiques, le développement des établissements humains et leur intégration à une biodiversité urbaine. La méthode serait la ville qui s’invente 15 une dialectique des rapports, un urbanisme de la relation densité-paysage et une structure anthropo-géographique qui s’insère dans le cycle pendulaire de la productiondu cadrebâti: «Il faut absolument que le public soit convaincu que les contradictions, les déséquilibres, le chaos, caractéristiques de la ville contemporaine, sont inévitables; et même que ce chaos renferme des richesses inexplorées, des possibilités d’usage illimitées, des valeurs ludiques qui peuvent devenir de nouveaux fétiches sociaux… la promesse de «sociétés esthétiques» (Tafuri). C’est un appel qu’il lançait au primat de l’imagination au-delà des obsolescences pour accéder à une nouvelle «liberté collective» (H. Marcuse). Les structures héritées de la ville du xxe siècle offrent l’opportunité d’une réconciliation entre toutes les confrontations idéologiques passées entre la ville historique et celles issues des ciam, entre écologie et urbanité, entre programme et stratégie… Discerner dans les contingences du local, une pensée universelle, un objectif structurel, c’est concrétiser le projet urbain selon une stratégie fondée sur la suppression des déséquilibres. Les conditions urbaines. « La connaissance de la ville contemporaine que nous avons pour l’instant prouve plutôt l’obsolescence du cadre global de l’urbanisme au xxe siècle: des thèmes et des concepts plus que des instruments spécifiques. L’urbanisme moderne porte les marques de la continuité, de la concentration et de la recherche de l’équilibre sur lesquelles il s’est construit. Imposer des limites est la seule tâche qui lui reste une fois épuisée sa capacité d’innovation, c’est-à-dire la capacité d’imaginer et de préfigurer un futur possible et juste: des limites à l’expansion urbaine, aux densités, aux hauteurs, aux coefficients de couverture, à la proximité, à la possibilité de localiser en tous lieux les différentes activités, de les mixer, de les concentrer ou de les disperser ». Bernardo Secchi 14 Les villes qui se sont soumises depuis plusieurs années au projet urbain en tant que projet de ville sont des laboratoires urbains, des case studies cities. Ces villes culturellement, économiquement et géographiquement 16 La ville qui s’invente «Si le projet urbain est instaurateur, créateur de puissance publique, nous sommes ainsi en pleine recomposition de la puissance publique des États modernes.» Armel Huet «La théorie des décisions doit assurer la souplesse des systèmes qui prennent les décisions.» Horst Rittel représentent la ville en état de devenir: des fabriques contemporaines constituées de leurs passés anciens et récents. Conscientes de leurs avatars, ces villes assument leur mutation comme une chance historique d’exister et d’échapper à «la ville sans qualités». La ville s’orienterait dès lors vers une révolution environnementale en utilisant les espaces immenses, abandonnés, sous-utilisés des grands ensembles pour y inscrire un authentique développement durable et des modes de vie dignes, des logements plus grands ; en construisant dans le construit pour façonner une qualité architecturale et une économie urbaine respectueuse du déjà là; en consolidant la fabrique urbaine et en la densifiant tant que le tissu n’est pas saturé, reconquis, restructuré ; en définissant l’espace public prioritairement avec les moyens des réseaux; en se dotant de dispositifs urbains stables et déclinables dans le temps, par exemple la grille territoriale de Barcelone, pour donner mesure au paysage en construisant ce paysage de la ville comme figure alternative à la concentration urbaine et à la décentralisation univoque… Modes d’invention/modes d’intervention Le lien social. Les villes qui pratiquent l’exigence d’un projet urbain pérenne le font sur la base d’une constante: l’identification à un monde local spécifique. Constitutif du lien social, la hiérarchie des problèmes participe d’une démarche planifiée : la compatibilité entre les objectifs de renouvellement et de développement de la ville. Le lien social devient une composante génératrice du projet urbain. Synonyme de projet de ville, s’il ne revêt pas cette dimension éthique et politique, il ne s’agit pas alors de projet urbain. Modes d’invention. Le projet urbain est le support de modes d’invention qui sont autant des stratégies projectuelles que des programmes: construire un paysage limité par la présence d’horizons internes ou externes; la ville qui s’invente 17 Daniel Delaveau et Jean-Pierre Prenlas-Descours. rejeter le désenclavement pour redéfinir la densité de l’espace fermé et la «gentryfication»; concilier de nouvelles densités et la logique de l’espace ouvert pour assainir la maîtrise foncière; assumer les espaces stabilisés de la ville ancienne patrimoniale et la densification raisonnable des grands axes; organiser le principe du maillage étoilé décrit par Fernand Braudel sur l’ensemble du territoire de la ville; offrir de nouvelles capacités d’extensions internes à l’ensemble périurbain; continuer de développer l’intégration et la transformation des friches industrielles; reconvertir des espaces sans usage en espaces en attente et/ou protéger des espaces naturels, agricoles sans affectation programmatique (théorie de la «vest pocket» new-yorkaise); constituer un urbanisme territorial qui crée des lieux avec des vues lointaines et des centralités et des vues proches; instaurer la mixité sociale, la possibilité théorique d’accéder à la ville pour le plus grand nombre; concevoir un urbanisme démocratique pour consommer moins d‘espace et moins d’énergie; associer la notion sociale de pérennité pour une ville solidaire à celle économique et naturelle de ville durable; développer la mobilité des réseaux de transports collectifs comme élément de structuration sociale pour redéfinir les relations avec la ville-centre; qualifier l’espace public… Daniel Delaveau, maire de Saint-Jacques-de-la-Lande confirme le choix politique de ces pratiques quand il affirme: «Le projet urbain réside dans la mise en oeuvre institutionnelle, politique et technique de l’aménagement de ce territoire de vie. Il interroge: la structuration urbaine, la notion de ville multipolaire, la question de la densité, la question des déplacements… Il faut aller plus loin : si l’on veut faire du développement durable, préserver les espaces agricoles ou les réserves naturelles, il nous faut densifier nos quartiers, nos communes, nos villes…». 15 Dans le domaine territorial du paysage de la ville et du «déjà là», le corridor-écologique de Bernardo-Secchi, les grands axes restructurés de Patrick Germe, le « grand paysage » de Bernard Reichen, les seuils de Sergio Crotti ou les enclaves 18 La ville qui s’invente «Un film n’est pas comme une maison préfabriquée; il a sa vie propre. Un film doit avoir des murs. Pourquoi? L’espace entre les caractères peut en supporter la charge.» Wim Wenders «lieux de résistance» de Kenneth Frampton… sont les contres-espaces en devenir de Manfredo Tafuri: des recherches d’alternatives totalement inscrites à l’intérieur de structures urbaines qui conditionnent la nouvelle nature d’une ville réinventée. Modes d’intervention. Les architectes classiques s’effaçaient devant l’histoire contrairement à aujourd’hui, où le concept de «tabula rasa » renaît cycliquement. Le paysage de la ville et le territoire de l’architecture, nous apprennent à créer des dispositifs, des «machines» à contrôler, à ralentir ou accélérer le temps de production. Le temps de la ville contemporaine rend attentif à la façon dont le temps historique défait, détourne ou recycle ces mêmes dispositifs à l’intérieur de structures nouvelles où leur signification ancienne est à la fois retenue et oubliée. Faire « l’état des choses»: c’est évaluer pour intervenir. Le résultat de l’élaboration collective, de l’affirmation du primat d’un projet politique partagé dans un territoire précis ; c’est le socle du projet urbain. La maîtrise du foncier constitue la matière première et l’enjeu numéro un. Évaluer pour intervenir, c’est produire des réponses concrètes, à la fois issues de l’analyse critique que de la culture du projet et des réponses de terrain; elles concernent par exemple: l’histoire des villes et leur condition spécifique; la maîtrise de l’étalement urbain; la notion de ville-archipel 16 ; la «consolidation» de la fabrique urbaine; la densification du périurbain (l’axe nord-sud à Rennes), la reconquête des rives des fleuves et des rivières (Île-de-Nantes); la mise en place de «corridors écologiques» dans la «ville diffuse» (Bernardo Secchi); la conquête raisonnée du paysage de la ville comme à Saint-Jacques-de-la-Lande ; la qualité pérenne, architectonique des espaces publiques ; la mémoire des dernières villes nouvelles, des héritages et des utopies (Val-de-Reuil); les dispositifs démocratiques du déplacement urbain (métro à Rennes, tramway à Nantes); les nouvelles centralités et les nouveaux équipements publics de proximité ; la question la ville qui s’invente 19 rhétorique du développement durable et du hqe (Freiburg, Malmoë, Beauregard…) ; les moyens du logement social et des projets subvention nés par l’Anru ; la théorie de l’espace contre le réseau (Patrick Germe); le maillage du territoire selon Braudel… Une absence de cohésion entre stra tégie et programme peut dévaloriser un projet urbain, et ses modes d’inven |
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