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ce serait une erreur de ne pas considérer ces différences, de les oblitérer par un projet qui prend le risque d’effacer cette diversité sous une démarche trop univoque. La Courrouze appelle plutôt un projet qui tienne compte de la variété de situations qu’elle offre. Il faut savoir profiter de ces différences d’ambiance pour construire une partie de la ville dans laquelle des modes de vie divers se croiseront et se mélangeront. Nous ne cherchons pas à tout uniformiser. La diversité existante peut être une richesse, qu’il s’agisse de la biodiversité, de la diversité sociale ou de la diversité des activités. Contre tout point de vue réducteur et toute banalisation, contre la rhétorique du grand geste, notre projet revendique la valeur d’un regard attentif posé sur la complexité contemporaine du site et de la ville. Ce qui amène immédiatement deux thèmes principaux: l’environnement et le paysage d’un côté, première image de la diversité, comme élément structurant du projet et, de l’autre, la mixité sous toutes ses formes : physique, sociale et fonctionnelle, comme représentation privilégiée du contemporain. Une nouvelle partie de la ville Tout projet, en même temps que descriptif, est aussi démonstratif. À la Courrouze, il s’agit de bâtir une nouvelle et importante partie de la ville, un «morceau de ville» et un «morceau d’agglomération», une opération exemplaire d’intérêt communautaire qui s’insère complètement François Lamarre, Bernardo Secchi, Paola Viganò et Michel Kagan. 26 La ville qui s’invente dans la notion de développement durable et de renouvellement urbain […], dans le souci d’éviter l’étalement urbain. Ces objectifs déclarés requièrent une réflexion poussée et une prise de position claire sur quelques problèmes de la ville contemporaine, sur la forme urbaine et l’étalement urbain (qui à Rennes, comme dans d’autres régions européennes, remonte, selon Daniel Pichot, au moyen âge), autant que sur le confort et le fonctionnement de l’espace urbain, sur les relations entre espace public et espace privé, sur le caractère du paysage dans lequel le projet va s’insérer comme de celui à façonner. Notre proposition n’est pas une solution figée. Un projet de cette dimension ne peut qu’être réalisé dans le temps et la durée, et fait appel à une stratégie flexible et itérative. Notre projet est plutôt un scénario: certaines parties plus stables, grosso modo identifiables par le dessin de la coulée verte, des espaces et des équipements publics en coordonnent d’autres plus flexibles, telles que les bâtiments et les espaces privés qui gravitent autour des équipements et d’autres espaces publics suscitant des interrogations importantes (circulations, parkings, espaces verts…). La dimension même du site, avec ses 145 hectares environ dont une partie de 50 hectares est déjà bâtie et une autre de 18 hectares conservée par l’armée, donc «intouchable», impose une démarche qui vise surtout à établir les critères d’une réalisation étalée dans le temps avec cohérence, mobilisant sur quelque 70 à 100 opérations plusieurs acteurs publics et privés, avec des programmes à court et à long terme plus ou moins arrêtés: choix des principes d’implantation, fixation des objectifs de densités, découpage et coordination des différentes opérations, critères à observer pour garantir le confort des espaces urbains et le développement durable. Environnement et paysage L’environnement et le paysage sont devenus l’une des principales structurations de la ville contemporaine, au même titre que les infrastructures liées à la mobilité et à la distribution des énergies: voirie et La Courrouze, un lieu de diversité 27 réseaux divers. Ce n’est donc pas pour de vagues raisons esthétiques que ces éléments sont mis en avant dans notre projet. Ce qui nous intéresse, c’est la construction d’un système écologique qui fonctionne et résiste dans une perspective de développement urbain durable. Cet enjeu est à la base de la conception du projet. Il implique une attention soutenue au climat local et aux modalités d’action qui s’inspire des études développées à Rennes dans les années récentes afin de préserver la biodiversité. Il s’agit de récupérer les eaux en diminuant les risques, de réduire la consommation d’énergie et de lutter contre la pollution sous toutes ses formes, y compris sonore, ce qui se traduit par une vigilance particulière à l’égard de l’orientation des bâtiments, de leurs niveaux d’implantation, de leurs ombres portées, de leur desserte automobile et piétonne, et enfin de leur relation avec la topographie du site dans toute sa complexité. Topographie d’origine et nivellements historiques successifs, constructions et plantations (créées ou spontanées) ont assemblé dans le secteur de la Courrouze une variété de situations et de lieux qui est l’une de ses premières qualités. Marge et centre, haut et bas, intérieur et extérieur, clos et ouvert, perméable et dur ou pollué sont les mots qui viennent à l’esprit pour décrire la variété des impressions que l’on ressent et reconnaît lors de la visite et de l’étude du secteur. Le site de la Courrouze mérite un projet soucieux de respecter et de mettre en valeur la nature et de profiter des plus petits mouvements de sol. Car ce terrain n’est pas plat. Les usages précédents ont inscrit dans ce site aux pentes non négligeables des plateformes horizontales qui sont encore lisibles aujourd’hui, tandis que d’autres mouvements de terrain très doux sont restés, évoquant la campagne antérieure. Cette géographie particulière est donc aussi une Histoire: celle d’une zone restée longtemps, sinon prohibée, du moins très secrète pour l’agglomération, pour la ville de Rennes, comme pour le quartier environnant. C’est précisément pourquoi 28 La ville qui s’invente notre projet se veut attentif, jusque dans sa représentation même, aux moindres dénivellations, aux différences d’exposition, aux écosystèmes existants, plus ou moins spontanés et néanmoins fragiles, comme aux voisinages immédiats. La coulée verte : du statut de l’espace Dans cette démarche environnementale, la « coulée verte » devient l’élément fondateur et structurant du projet. Elle n’est pas une autoroute verte! Elle n’a pas la forme d’une bande verte, d’une avenue ou d’un mail unique. Elle mobilise ce qui existe; elle profite en particulier du végétal existant et parfois classé pour le valoriser sans attendre sa restauration obligée. À la Courrouze, la coulée verte doit divaguer, envahir, pénétrer, irriguer… Sans parcours géométrique mais très présente, elle marque la direction de la sortie de la ville vers la Prévalaye, mais elle pénètre aussi dans les quartiers avoisinants et devient un élément de connexion entre eux. Elle réunit des parcs et des jardins où, comme dans une éponge au tissu incroyablement ramifié, apparaissent les équipements publics et les habitations. Elle ne sépare pas mais associe. Le projet vise à retourner la démarche traditionnelle qui consiste à transformer les friches en parcs domestiques pour insérer dans la lande existante des jalons de confort urbain. Nous voulons construire une variété de séquences entre les espaces publics, les espaces privés et les espaces en copropriété, entre le petit jardin, le jardin en copropriété où les familles et les jeunes enfants peuvent nouer des liens d’amitié et de solidarité et les grands espaces publics de la coulée verte affectés aux pratiques plus collectives des habitants du quartier et de l’agglomération entière. Cette idée d’une éponge pleine de ressources et de lieux différents est le résultat de notre démarche. La mixité sous toutes ses formes se manifeste également par la variété des relations entre les différents types de logements et d’espaces urbains. La Courrouze, un lieu de diversité 29 Parcs, parkways et boulevards La coulée verte est constituée de trois « matériaux » principaux : un parc boisé, un parc équipé, et le parc périphérique du mur. Le parc boisé est fortement enraciné dans le contexte. Il profite du végétal existant et le requalifie pour renforcer la continuité verte entre la ville et la Prévalaye. Une masse d’arbres comportant des sujets anciens et de grande taille constitue un véritable signe à l’échelle du territoire : un horizon de référence pour tous ceux qui traverseront ou bien habiteront la Courrouze. Ce grand espace public est constitué par des bois, des prairies, des parcours, des tracés paysagers, des itinéraires. Les parcours relient les habitations, les équipements publics (la crèche, l’école, la maison du quartier, le gymnase, les terrains de sports) et les lieux de centralité avec leurs commerces et les terrasses de café. Des points hauts de type belvédère et des emplacements calmes procurent du confort à la vie quotidienne comme aux loisirs. Le parc boisé est le véritable poumon vert du site, mais par son rayonnement, il joue aussi un rôle important pour toute la partie sud-ouest de la ville. Le parc équipé donne une structure claire et visible au site de la Courrouze en intégrant le dessin des voies et des parkings à l’intérieur d’un concept unitaire d’espace public. Le parkway est-ouest sort de la ville par la rue Jules-Verne et traverse le site jusqu’à la rue Ferdinand-de-Lesseps. Son caractère de type parkway l’intègre au terrain avec un tracé souple au milieu de grands espaces verts. Il longe de part et d’autre de grands espaces publics aménagés comme des jardins: la rue Jules-Verne et son vallon boisé, le jardin à l’anglaise côté sud, avec ses mails singuliers encadrant d’anciennes buttes de tir, les grandes perspectives sur le ciel de la Vilaine vers Cleunay côté nord, la grande prairie au milieu du site (4,3 hectares environ) et enfin les lieux plus élevés et arborés proches du mur d’enceinte réouvert sur la rue Ferdinand 30 La ville qui s’invente de-Lesseps et le boulevard de Cleunay. Les transports en commun parcourent ce parkway en site propre et donnent accès aux parcours qui irriguent le territoire et aux équipements prévus sur son cours. Un boulevard nord-sud, monte du boulevard de Cleunay jusqu’au boulevard Mermoz et pénètre, au moyen d’une baïonnette, dans le quartier du Pigeon Blanc en passant sous la voie ferrée pour emprunter finalement la rue des 25 Fusillés. Son caractère est celui d’un boulevard urbain qui relie les différentes centralités, le pôle Cleunay, le pôle Courrouze, le pôle Mermoz, fortement marqué par la pente du terrain. Si le parkway est un élément de continuité entre l’intérieur et l’extérieur du site, le boulevard est plutôt fait de discontinuités, de séquences différentes dont les terrasses successives signalent les changements de niveaux. Des espaces plus serrés et plus dégagés, des places et des open interiors se succèdent en donnant un rythme, avec des parkings plantés des deux côtés, des terrasses étagées marquées par des noues construites pour signaler les différences de niveau, des bâtiments plus hauts, des commerces au rez-de-chaussée, des bureaux et des logements en étage du côté calme. Le parc équipé se superpose à des parties du parc boisé descendant de la Prévalaye jusqu’au boulevard Mermoz et au Pigeon-Blanc. Ce grand espace paysager a son origine dans les allées cavalières et constitue une partie importante de la coulée verte. Des parcours piétons et cyclables, des jardins potagers, la route d’accès au Domino, la zone affectée aux activités tertiaires le long de la rocade, le transport public, les équipements sportifs de l’armée, la passerelle sur la voie ferrée vers le Pigeon-Blanc (qui pourra aussi traverser le grand équipement à l’échelle métropolitaine) équipent cette partie du parc. Le boulevard Mermoz à l’intérieur de l’enceinte militaire constitue enfin une séquence remarquable de la coulée verte. Pour en assurer la requalification, il convient de comprendre les raisons de son état actuel : La Courrouze, un lieu de diversité 31 un long mur d’un côté, des casernes et des espaces vides de l’autre. Le boulevard n’est plus aujourd’hui qu’un lieu de passage de la ville à la rocade et du Castorama jusqu’au nouveau centre de Saint-Jacques-de-la-Lande. Pour qu’il devienne une vraie liaison entre la ville de Rennes et le quartier de la Maltière, il doit se transformer en un véritable boulevard urbain où la vitesse sera modérée. Il faut pour cela y insérer des espaces suffisamment importants et attrayants et renforcer le passage de la coulée verte. La réalisation d’un passage inférieur franchissant la voie ferrée restitue au boulevard Mermoz une profondeur qui lui fait défaut sur sa rive est, à mi-parcours entre le passage sous la rocade et le pont sur la même voie ferrée. Le pôle Mermoz devient, dans la stratégie de développement de la zone de la Courrouze, un lieu crucial pour le quartier du Pigeon Blanc et pour la requalification de l’entrée de ville. Le boulevard pourrait comprendre un transport public en site propre et une piste cyclable, et desservir des bureaux, des commerces, des logements et des jardins. Le parc du mur longe le mur de l’ancienne enceinte militaire (2200 mètres linéaires environ). C’est le plus important témoin, avec les traces des anciennes voies ferrées, du passé du site de la Courrouze. C’est à lui que le site doit en grande partie son caractère secret maintenu jusqu’à aujourd’hui. Le plus intéressant de ce mur exceptionnel est que tout au long de son périmètre se produisent des situations toujours différentes. Ainsi, le niveau du terrain est souvent plus haut à l’intérieur qu’à l’extérieur. Par endroits, c’est le contraire, avec le terrain extérieur qui remonte. Ailleurs, extérieur et intérieur sont de niveau. Dans la durée, le mur a joué un rôle-clef de défense et protection des arbres contre le vent. Il a permis la création d’un microclimat et la croissance d’essences qui n’existeraient pas sans sa présence. Il est en fait à l’origine d’un véritable parc. En touchant au mur, ce parc pourrait bien disparaître avec lui. C’est donc avec une grande prudence que nous suggérons 32 La ville qui s’invente quelques nouvelles brèches et ouvertures, juste des passages nécessaires au fonctionnement de ce nouveau morceau de ville. Nous imaginons volontiers |
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