La ville contemporaine fait-elle encore société ? Plus que jamais, les villes sont







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que la constitution de jardins se poursuive aussi à l’extérieur du mur,

comme c’est déjà le cas à Cleunay.
Des eaux
Les études développées à Rennes dans les années récentes donnent

des indications et des suggestions importantes pour ce qui concerne

la maîtrise des eaux. Il ne s’agit pas seulement de contrôler l’imperméabilisation

des terrains, mais aussi de prévoir la retenue et le stockage des

eaux excédentaires au moyen de bassins tampons, de noues et de fossés, ou

encore de toitures-terrasses. Ces ouvrages contribuent d’une manière fondamentale

à la construction de l’espace public et du paysage. La noue ou le

fossé, par exemple, construit la limite entre les espaces privés ou en copropriété

et les espaces publics, ou encore celle des parkings. Ils obligent à tenir

compte des dénivelés. Les bassins de retenue — qui évidemment marquent

les lieux bas — jouent à l’échelle du site un rôle topologique inverse à celui

des belvédères et donnent, à l’échelle des situations rencontrées, l’opportunité

de dessiner des jardins publics comme à Cleunay, par exemple.
Du soleil
On est au nord et à l’ouest de l’Europe. Aux magnifiques couchants

tardifs de l’été s’opposent les ombres allongées de l’hiver. Ne pas

tenir compte de l’orientation des logements et des ombres portées, comme

on l’a souvent fait dans la ville moderne, est une erreur qui se paye cher

au quotidien. Nous souhaitons répondre à cette question de deux manières.

D’un côté, il nous est apparu impératif d’orienter notre projet au sud,

plus précisément entre sud-sud est et sud-sud ouest, comme d’espacer les

bâtiments en tenant compte de la hauteur du soleil aux différentes saisons,
La Courrouze, un lieu de diversité 33
en fonction de leur niveau d’implantation et des usages éventuels du rezde-

chaussée. De l’autre, nous avons travaillé la volumétrie des bâtiments,

surtout lorsqu’ils comportent des cours, pour contrôler les ombres portées,

à l’échelle de chaque masse et en fonction de l’architecture développée.
Il s’agit de mesures qui favorisent la réduction de la consommation

d’énergie et l’inertie: murs épais et thermo-accumulateurs au nord-est,

d’où viennent les vents froids de l’hiver, surfaces vitrées au sud-est et le sud-

ouest, avec loggias et bow-windows plutôt que balcons pour le chauffage

solaire passif et l’isolation. L’attention au climat et à l’environnement a des

conséquences importantes et positives pour l’architecture même.
De la mixité
Séparer et éloigner, ce grand paradigme de l’urbanisme moderne,

n’est pas sans fondement. On s’aperçoit aujourd’hui encore que les activités

d’autrefois, fortement polluantes et bruyantes, sont incompatibles avec les

quartiers d’habitat et de vie urbaine, siège des commerces et autres activités

de loisir. Mais l’application systématique et banalisée des principes de l’urbanisme

moderne a par ailleurs produit une ville divisée et fragmentée. Or,

plus personne ne veut cela ! C’est pour cette raison qu’on insiste partout sur

l’objectif de mixité et que cette mixité est devenue une représentation privilégiée

de la contemporanéité, un thème sur lequel repose toute la logique

du présent projet.
Une première interprétation du thème consiste à prévoir des

logements de tailles différentes, du studio, au grand logement familial, de

toutes les catégories, avec 50 % minimum de logement sociaux (locatif ou

en accession) et des logements intermédiaires ou libres ; des logements de

toutes les typologies, des collectifs denses et des individuels denses, mais

aussi des logements confortables pour les personnes âgées ou attrayants

pour les jeunes. Mais il ne s’agit pas seulement de ratios.

34 La ville qui s’invente La Courrouze, un lieu de diversité 35
Dans une interprétation plus attentive aux qualités de l’espace et aux modes

de vie qu’elles induisent ou suggèrent, la mixité est également affaire de formes

urbaines variées et d’atmosphères différentes. La coulée verte identifie

des lieux et des environnements mis en évidence par la topologie du site.

Cela permet d’envisager différents prototypes d’habitat suivant l’ambiance

rencontrée : le bois habité, l’habitat urbain et dense des pôles, les maisons

en hauteur qui regardent la ville depuis les points hauts… Dans chacun

d’eux, c’est la manière dont logements, immeubles, parkings et espaces

ouverts s’agrège qui procure la variété des situations et des ambiances. Il

est ainsi possible d’habiter et de travailler dans un espace autonome, atelier

ou studio comme dans les «tesserae», d’habiter à côté de la maison de ses

parents ou de ses enfants, d’habiter à côté d’un pôle de mixité urbaine asso-
Plan de la Zac
ciant commerces, bureaux et logements. Mais encore de travailler dans un de la Courrouze.

pôle tertiaire qui ne se vide pas la nuit, où l’on trouve aussi des bistrots, des

commerces et des logements, de se loger dans des immeubles qui permettent

l’insertion de lofts, etc. C’est au niveau très fin du «grain» de chaque

partie du tissu urbain qu’il faut travailler pour obtenir des mixités propres

à chaque endroit, propices à la création d’atmosphères différentes.
L’ambiance est le fond de ce qu’on perçoit des lieux. Il faut

déterminer les éléments qui définissent l’ambiance dans les différents cas.

C’est une approche primordiale dans la définition d’un aménagement d’ensemble:

bois habité, jardin habité, «tesserae», pôles de centralité ne sont

que les mots qui traduisent ces différents projets d’ambiances.
Paysage urbain

et corridor écologique.

Principe d’espace

urbain de la Zac.

Zac de la

Courrouze,

Bernardo Secchi

et Paola Viganò,

urbanistes, Milan.


36 La ville qui s’invente 37
Maquette-projet. Principe

Comment aménager la « ville archipel »,

le cas de l’agglomération de Rennes
Les maires de l’agglomération rennaise ont souhaité, par la création en 2001
d’une délégation aux Formes urbaines, donner un cadre à l’action urbaine
au sein de l’agglomération dans le respect de l’autonomie communale et
la nécessaire solidarité intercommunale. Cette délégation trouve sa justi

fication dans le passage de la ville compacte à la «ville archipel» et l’inté-
Jean-Yves Chapuis, rêt porté aux formes urbaines par le fait que ces dernières traduisent dans
vice-président de Rennes
-Métropole, délégué l’espace les nouveaux modes de vie à l’oeuvre dans notre société.
aux Formes urbaines.
d’aménagement
et réseaux. De la ville compacte à la ville archipel

Tout d’abord, il faut distinguer trois échelles de territoire et

d’organisation institutionnelle. La ville de Rennes comprend 210 000 habitants.

La communauté d’agglomération Rennes-Métropole compte 37

communes et rassemble 375 000 habitants. Le pays de Rennes dénombre 67

communes et 450000 habitants. Jusqu’alors, élus et professionnels avaient

Plan

d’aménagement essentiellement réfléchi sur la ville constituée. L’au-delà n’était pas consi

de la Zac

de la Courrouze.

déré comme de la ville. D’une façon même un peu dédaigneuse, on consi

dérait cette extension de la ville comme de la «non-ville»: une ville éclatée
de non-lieux, une ville étalée… Cette ville était sortie des limites de la ville
historique, de la ville européenne dans son acception courante, et donc
n’était pas digne de s’appeler ville. Il fallait à tout prix lutter contre ces
extensions et ces lotissements qui défigurent le paysage urbain. La consé

quence de cette position a été de rejeter cette ville qui se faisait en l’ignorant.
Il est vrai que la ville constituée avait suffisamment de problèmes à résou

dre et l’apparition de la notion de projet urbain a concentré la réflexion et
l’action sur celle-ci.

Immeuble

de logements,

Zac du canal

Saint-Martin,

Rennes, architecte

Michel Kagan.


Au carrefour
de 9 voies.

38 La ville qui s’invente
Sauver la ville compacte
L’urgence étant déclarée, il a fallu d’abord sauver la ville historique

avec son centre et ses quartiers constitués. On oublie certes un peu

vite que la France des années soixante-dix considérait que la ville ancienne

n’était plus adaptée aux évolutions du monde moderne et principalement

de la voiture. La création des centres directionnels avait pour but de remplacer

les vieux centres par une nouvelle conception de la ville. Ce retour

sur l’histoire de la ville européenne a donc accaparé les élus et les professionnels,

occupés à sauver la ville et à concevoir des interventions susceptibles

de faire évoluer la ville sans la détruire.
Le projet urbain est d’abord une anticipation pour maîtriser un

avenir, l’avenir des villes, sans laisser le marché décider de tout. Il est donc

l’expression d’une volonté politique forte. Ensuite, il exprime une pensée

sur la ville. Le projet urbain a besoin d’analyses, d’expertises pour comprendre

la condition de l’homme urbain d’aujourd’hui. Il est également un

lieu de débat sur la ville qui permet de nourrir le dialogue urbain avec les

citoyens, un dialogue permanent, exigeant, qui demande des convictions.

Enfin, le projet urbain se traduit par des documents administratif et opérationnels.

Il se fait action. Il définit aussi la maîtrise d’ouvrage urbaine qui

doit permettre de mettre en application les orientations du projet urbain.
Le projet urbain, volonté politique forte
Le projet urbain, c’est l’affirmation de la primauté du politique

dans la conduite de l’évolution des villes. En ce sens, parler de « conduite

politique du projet urbain» est un pléonasme. Le projet urbain affirme

la prépondérance du politique sur la sphère économique. Pourquoi ? Le

projet urbain s’inscrit dans le temps; il prend en considération le passé et il

situe son action présente en intégrant les évolutions futures. Il mélange les

temps et globalise l’action, ce qui est en contradiction avec le temps court
Le cardo.

Comment aménager la « ville archipel » 39
de l’économie. Mais le projet doit également inscrire son action dans le

court terme et, ici, il rencontre l’économie. Le projet est une pensée sur la

ville, au sens philosophique, qui va bien au-delà des contraintes opérationnelles

de l’urbain, mais qui doit intégrer celles-ci pour se réaliser. Cette tension

continuelle entre la capacité d’inventer l’avenir et d’agir dans le temps

court de l’opérationnel est nécessaire. Elle donne tout son sens à l’action

politique et l’on comprendra qu’elle est avant tout volonté d’imaginer, de

croire, d’anticiper et d’agir. Le projet urbain est tout sauf le laisser faire, il

est contre un ordre du hasard comme le dit Paul Chemetov. Il est la permanence

et le mouvement, comme nous l’avions défini dans le projet urbain

de la ville Rennes. Il requiert une vision lointaine… Il faut être capable de

rêver la ville… Le projet urbain, un projet poétique ? Qui sait…
Le projet urbain, dialogue citoyen
Le projet urbain est intrinsèquement un dialogue citoyen exigeant

et permanent. Cela le différencie de la démarche de concertation sur

une opération ou la réalisation d’un bâtiment qui a un début et une fin.

La démarche du projet urbain de Rennes s’est faite à partir d’une démarche

de quartier qui l’avait précédée. Nous avions intitulé cette démarche

«une nouvelle lecture de la ville». Celle-ci a permis de tester l’impact d’une

démarche globale sur un territoire restreint. Il va sans dire que le projet

urbain n’est pas la synthèse des démarches de quartier. Il nous a semblé

préférable de partir d’une démarche concrète et opérationnelle.
Dans la Zac des Longs-Champs, au nord-est de Rennes, réalisée

par la Semaeb, Jean-François Blache a su innover et réussir dans une

approche pragmatique (il sera plus tard, à la demande du maire, le responsable

du dossier Val). En 1979, la Zac des Longs-Champs a donné l’occasion

de resituer l’opération dans son contexte et d’interroger les citoyens

qui habitaient aux marges de celle-ci. La programmation des équipements

Évolution
de 1450 à 1962.

40 La ville qui s’invente
s’est faite à partir de l’analyse de l’existant et le pourcentage de logements

sociaux a été défini par rapport à ceux recensés dans le secteur. C’est ici

que le maire de Rennes a lancé l’idée, pour la première fois, de réaliser 25 %

de logements sociaux dans toutes les opérations de la ville. Un travail de

concertation et d’information-communication a été mis en place pour présenter

aux habitants des quartiers jouxtant l’opération, au moyen de films,

la réalisation de cette Zac. Architectes et promoteurs travaillaient alors dans

un atelier commun au sein duquel la ville avait nommé un interlocuteur

qui fut de fait le premier «chargé de quartier».
Puis en 1983, la délégation Aménagement des quartiers a été

mise en place pour élargir cette démarche à toute la ville. Dès cette époque,

il nous a semblé utile d’avoir une démarche participative et constructive

pour dégager ce que nous avons appelé un « urbanisme négocié », en opposition

à l’urbanisme réglementaire. Le projet urbain, décliné quartier par

quartier et sans être la somme des demandes des quartiers, a permis une

programmation globale en direction des professionnels, lesquels ne se sont

pas limités aux secteurs qu’ils voulaient investir.
En 1992, la mise en place du centre d’information sur l’urbanisme

a donné à ce dialogue permanent une assise plus forte. Il a permis

de développer de façon plus ludique le projet urbain et d’être un lieu où

s’invente, à l’aide des nouvelles technologies, toute une gamme de produits

et supports d’information impensable il y a quelques années.
Le projet urbain

et la maîtrise d’ouvrage urbaine
Il n’y a pas de projet urbain sans maîtrise d’ouvrage urbaine. La

traduction des orientations du projet urbain implique une réorganisation

des services municipaux et la création ou le renforcement de la maîtrise

d’ouvrage urbaine. Il faut aller vers un urbanisme des modes de vie qui
Synthèse.

Comment aménager la « ville archipel » 41
évite deux écueils, l’urbanisme dogmatique et le laisser faire. Il faut aller

vers un urbanisme négocié. Pour ce faire, le renforcement de la maîtrise

d’ouvrage urbaine est essentiel. Or, dans les collectivités, il y a souvent

confusion entre maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’oeuvre. Jean-Louis Berthet,
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