La ville contemporaine fait-elle encore société ? Plus que jamais, les villes sont







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coûts des études urbaines à l’échelle du Pays rennais afin de mieux définir

la stratégie urbaine et d’apporter aux maires un soutien nécessaire dans la

prise en compte de la « ville archipel ».
Donner plus de moyens aux communes
L’économie, aucun élu qu’il soit de la majorité ou de l’opposition

ne conteste le pouvoir de l’agglomération dans ce domaine au combien

sensible. Je vais prendre l’exemple de la Zac des Touches, sur la commune

de Pacé. Le maire ne va pas critiquer le pouvoir de l’agglomération dans ce

domaine alors qu’il va obtenir 8 millions d’euros de subvention de l’agglomération.

Il a effectivement plusieurs raisons de ne pas critiquer le pouvoir

de l’agglomération dans ce domaine. Non seulement, il obtient une participation

significative, mais en plus, il dispose de la caution de l’agglomération

pour négocier avec les enseignes commerciales et les autres acteurs dans un

meilleur rapport de force. Ensuite, l’agglomération met à sa disposition

des services de qualité qu’une commune seule ne saurait se payer. Enfin, le

maire de Pacé est heureux de pouvoir travailler en complicité professionnelle

et politique avec l’agglomération représentée par son vice-président

aux affaires économiques.
Revenons à l’habitat: un tiers des ménages de l’agglomération

ont des revenus inférieurs à 1250 euros; les deux tiers ont moins de

2500euros par mois. Or, il faut compter sur un revenu de 3850 euros pour

acheter un logement dans Rennes-Métropole. Oui, la crise du logement

est grave. Il faut tout faire pour la régler. Il faut mettre les moyens en place

et la fiscalité mixte est l’un des outils que nous donne la loi pour se doter

des moyens d’une politique de solidarité plus forte. Prenons l’exemple de

la commune du Rheu. Le maire a eu l’occasion d’expliquer que pour sa
Comment aménager la « ville archipel » 49
dernière opération urbaine il a touché de Rennes-Métropole 188 000 euros.

Si celle-ci avait été réalisée selon les nouveaux critères du plh, il toucherait

de l’agglomération 890000 euros! Montant à rapprocher de la Dsc

qui est

de 499000 euros pour Le Rheu en 2004. Cela démontre bien que la fiscalité

mixte donne plus de pouvoir au maire et plus de moyens dans le cadre

de la politique de solidarité voulue par l’agglomération.
L’aide de Rennes-Métropole ne s’arrête pas à la Dsc

? C’est

aussi l’aide aux opérations économiques, donc à l’emploi, et l’aide à l’habitat

? Par ricochet, cette aide favorise l’emploi puisque le salarié peut

trouver plus facilement un logement, ce qui incitera les entreprises à

choisir l’agglomération rennaise. Le plh

est nécessaire, mais il ne suffit

pas de le voter, il faut encore l’appliquer ! Les entreprises pourront-elles

suivre la demande et les promoteurs répondre aux appels d’offres ? Cela

tient à la capacité des maires à s’unir et à s’accorder tant pour donner aux

promoteurs des programmes significatifs que pour inviter les entreprises

à embaucher. Il faut être fort ensemble. Il faut un pouvoir plus grand au

sein de Rennes-Métropole pour mettre ce plh

en marche dont tout le

monde partage le diagnostic. Quand on sait que de très bonnes entreprises

rennaises ne font que 15 % de leur chiffre d’affaires sur l’agglomération,

il y a des marges qu’il faut savoir exploiter. Il faut être ensemble et

unis avec pour objectif d’accueillir.
Après l’économie, les transports et l’habitat, les grands équipements

culturels jouent un rôle essentiel dans la concurrence des agglomérations.

La baisse des actifs dans les années futures renforcera encore

l’attractivité que représente cette offre. Marseille construit son musée des

civilisations. Metz reçoit une antenne du centre Georges-Pompidou. Lyon

va accueillir le musée des Confluences. Strasbourg a construit son musée

de l’art contemporain, sans parler de Nantes et de Lille… Rennes doit

poursuivre la réalisation des Champs Libres. Son ouverture, comme le Val

50 La ville qui s’invente
en son temps, est déjà un succès. La concurrence entre les agglomérations

sera terrible, il ne faut pas l’oublier. C’est notre responsabilité d’homme

politique d’anticiper, anticiper et encore anticiper.
Le Plh de Rennes-Métropole
Le plan local de l’habitat est définitivement adopté depuis

juin 2006 et les conventions avec les communes sont négociées et bientôt

signées. Nous avons ainsi franchi un pas significatif dans la mise en place

d’une politique de l’habitat juste et conséquente qui doit nous permettre

de faire face aux demandes pressantes de nos concitoyens. Mais il ne faut

pas nous arrêter là.
Compte tenu des enjeux liés à la mise en oeuvre du plh, à

la nécessité de répondre à la diversité de la demande (sociale, générationnelle…)

et de préserver la qualité du cadre de vie, il convient de proposer

de nouvelles formes urbaines, plus compactes, plus diversifiées. Ces nouvelles

formes urbaines ne seront acceptables et acceptées par les habitants

qu’à la double condition d’une grande qualité des espaces publics et d’une

grande qualité des logements produits. Les habitants sont en effet prêts

à vivre dans de nouvelles formes urbaines sous réserve que leur intimité

soit préservée, que le logement soit adapté à leurs modes de vie et que les

services urbains (transports en commun, équipements) soient facilement

accessibles. Cependant, on constate que la conception des logements a très

peu évolué et qu’un travail important reste à faire avec les professionnels et

les maîtres d’ouvrage.
Il faut qu’en amont des opérations, c’est-à-dire avant le dossier

de création de Zac, que celle-ci soit réalisée par un aménageur public ou

privé, que le projet politique de la commune et du maire soit bien clarifié

quand à la qualité urbaine et aux objectifs à prendre en compte: le

développement durable, l’importance des espaces publics, les typologies
Comment aménager la « ville archipel » 51
d’habitat, le traitement des espaces de transition… En fait, tout ce qui

construit la ville et les relations humaines. Dans chaque commune, le projet

urbain reste l’affaire du maire et du conseil municipal. À l’aménageur

et au concepteur urbaniste de le mettre en musique. Le projet urbain est

l’expression d’une volonté politique dans la fabrication de la ville. Les services

de Rennes-Métropole sont présents pour appuyer les communes dans

leur démarche opérationnelle et même pour intervenir, si cela est nécessaire,

auprès des professionnels afin que les objectifs de la commune soient bien

pris en compte. Des urbanistes territoriaux référents aident les communes à

mobiliser et déclencher ces soutiens. Les moyens financiers que nous engageons

dans cette politique de l’habitat (50 millions d’euros par an) nous

autorisent à être exigeants et à veiller à ce que certains professionnels ne

profitent pas de la situation pour faire flamber les prix.
De la même façon, nous devons être actifs en matière de réserves

foncières afin de ne pas laisser s’installer des références de prix qui rendront

nos opérations de mixité sociale difficiles. Il en va de la gestion économe

des deniers publics. Il en va aussi de notre crédibilité. Il faut être conscient

que des concitoyens mécontents ne manquent jamais de se retourner tôt

ou tard vers l’élu. Enfin, puisque la loi Borloo favorise l’entrée des banques

dans les sa

d’hlm, il faudra sans doute mettre en place des conventions

pour que le patrimoine financé par l’argent public ne soit pas vendu.
Vous l’avez compris, cette vigilance résulte de notre engagement

dans une politique juste et solidaire, fondamentale pour nos concitoyens.

Il n’échappe à personne que permettre l’accueil de nouveaux habitants est

un enjeu économique : les entreprises se développeront où rallieront notre

territoire d’autant plus facilement que leur personnel pourra se loger.
En conclusion, je rappellerai qu’à l’heure de la mondialisation,

la population urbaine est appelée à croître dans des proportions considérables,

avec dans les quinze ans à venir entre 1,5 et 2 milliards d’individus qui

52 La ville qui s’invente
viendront grossir les villes en Asie, en Afrique et en Amérique latine. Des

villes dont les infrastructures ne sont pas prêtes à recevoir cette population.

L’adjoint à l’urbanisme de New Delhi doit faire face chaque année à 500000

habitants supplémentaires. Le pays de Rennes, quant à lui, doit intégrer en

dix ans 60000 nouveaux habitants! L’Europe et les Occidentaux, si souvent

prêts à donner des leçons de démocratie au monde, doivent montrer

ce dont ils sont capables en manifestant un peu plus de solidarité, voire, si

j’ose dire, un peu plus de générosité.
Échelles de territoires,

passages à niveaux
Le thème très vaste de la ville en train de se faire m’a amené à organiser

ce propos autour de quatre questions qui m’ont paru plus importantes

que d’autres, parce qu’elles nous engagent comme professionnels, comme

citoyens, comme personnes morales devant assumer des responsabilités dans

le domaine de la réflexion, de la création et de la recherche, de l’échange et

Gérard Thurnauer, de la communication. Ces questions n’obéissent à aucun ordre hiérarchi

architecte-urbaniste
que, et se recouvrent l’une l’autre en s’interpellant de l’une à l’autre.

La commande
Ce sera la question de la commande. La question du projet. La

question des conditions dans lesquelles la transformation urbaine s’effectue,

et enfin, la dernière qui chapeaute l’ensemble, qui est la question de la

culture architecturale et urbaine en France, aujourd’hui. Ce titre d’« échelle
De gauche à droite,
François Lamarre, territoriale » est là pour rappeler l’étendue et la diversité des problèmes
Christian Lepetit,
Philippe Faysse, qui se posent à nous, architectes, et encore davantage à vous., architectes-
Michel Kagan,
Gérard Thurnauer conseils, comme à tous ceux que vous pouvez être amenés à conseiller.
et Olivier Mongin.
Et m’est venue alors l’idée d’un sous-titre, sorte de concept qui

mériterait d’être élucidé mais dont vous devinerez les significations possibles;

à savoir le passage à niveaux. Sorte de métaphore intégrant le mot passage…

nous sommes des passeurs, mais aussi niveau… à quel niveau, niveau au-dessus

de quoi pour relier un côté à l’autre, pour que finalement ça passe. Donc

«échelles de territoires, passages à niveaux». C’est du plus petit ou plus grand

que nous sommes concernés, à savoir du logis, cette sphère intime qui est

le creuset de nos personnalités individuelles ou familiales, dans l’expression

du vécu de la vie quotidienne, au territoire construit ou non qui s’étend au

54 La ville qui s’invente
village, au quartier, à la ville, à la conurbation, à la région… pour s’arrêter à

ce niveau. Tous ces espaces qui s’interpénètrent les uns les autres, qui dialoguent

entre eux, qui s’emboîtent comme des tables gigognes, correspondent

à des groupements humains, des structures administratives et politiques chaque

fois concernées et qui n’ont pas la même approche quand il s’agit de leur

développement ou de leur préservation.
Et nous autres architectes, architectes-conseils, professionnels

de l’urbanisme et de l’aménagement, si nous voulons assumer quelques

responsabilités individuelles ou collectives dans le long processus de transformation

de ces espaces, nous avons non seulement à faire preuve de

compétence et de perspicacité dans l’exercice de nos métiers, mais aussi à

découvrir sur chaque intervention la bonne structure et le bon niveau de

dialogue avec ceux qui entrent dans les mécanismes de décision, à un titre

ou à un autre, légitime ou non, compétents ou non, et qui globalement

représentent, oui et non, le pouvoir. Il y a donc le processus de ce qui

conduit aux propositions, aux projets, puis les décisions et le passage à la

réalité, le tout englobé dans le maillage subtil et souvent trompeur de la

communication et de la concertation.
Au regard de toutes ces dimensions architecturales ou territoriales,

au regard de ces individus, de ces groupes, de ces congrégations

agglomérées, c’est un terme de Levy Strauss, de ces notables, de ces chefs,

la première question qui m’interpelle concerne l’amont de la démarche, à

savoir la commande. Il me semble que dans ce domaine, de grands progrès

sont à faire pour améliorer les « passages à niveau » entre commandes et

projets, et, en plus, en intégrant l’incontournable dimension du temps qui

varie aussi avec les échelles d’espaces. Il faut à mon avis trois choses :
D’une part, s’assurer que la commande repose sur la meilleure

connaissance possible du milieu sur lequel il s’agit d’intervenir, qu’il soit

physique, économique ou humain. On a trop vite abandonné depuis
Échelles de territoires, passages à niveaux 55
quelques années les études analytiques de terrain, dans l’instant de l’intervention

programmée comme dans l’évolution récente qu’on est capable

d’appréhender. Il faut redonner vie aux études de terrain et nous devons être

présents aux côtés de différents professionnels qui peuvent en être chargés

avec des passages à niveau entre disciplines ; et bien utiliser les méthodes et

les outils à disposition mais aussi en inventer pour rendre ces connaissances

plus pertinentes et plus directement opératoires, dans un esprit de partage

du savoir. Je crois en la nécessité de passages à niveau entre écoles d’architecture

et universités, en redonnant droit de cité aux valeurs universitaires

et au statut même de l’université.
D’autre part, s’assurer aussi que la commande est là pour servir

un corpus d’objectifs à situer dans une perspective politique, et dans l’espace

et dans le temps: la cohérence globale de la commande assureront la validité

de la réponse qui suivra, et sur laquelle il sera d’autant plus facile de communiquer.

Là aussi on peut être à présent comme conseil, en essayant de participer

à la formulation de différentes hypothèses et à leur explication.
Enfin, s’agissant de territoires à l’échelle de quartiers, de

communes ou de groupements de communes, éclairer sur des conséquences

négatives que peuvent entraîner des choix non cohérents sur l’ensemble

et parfois pertinents au profit d’une commune, et ceci par rapport aux

objectifs, dans une perspective à long terme : la ville en train de se faire,
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