Examen de l’intelligence







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Exagération de l'importance

de sa propre personne (vantardise)

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Poursuivant les efforts entrepris dans le but de dévoiler les secrets d'un psycho­logue individuel, je voudrais vous montrer, en quelques conférences, la façon approxi­ma­tive dont je procède, lorsque se présente à moi l'histoire d'un enfant diffi­cile, d'un névrosé, d'un criminel. Je m'efforce de découvrir les bases et d'établir les véritables causes de ses actions erronées. A l'issue de ces recherches nous constatons que tout ce qui est arrivé ne devait pas forcément se produire, mais, étant donné les circonstances, a pu arriver. De fait, si nous parvenons à sentir avec l'enfant, à penser avec lui, à agir avec lui, nous pouvons aussi nous pénétrer du rôle que l'enfant a joué et nous dire : dans les mêmes conditions, avec la même conception erronée d'une supériorité personnelle nous aurions agi à peu près de la même façon. De cette manière une bonne part de ce qui relève de la punition disparaît, ce qui est loin d'être un mal. Notre compréhension, notre connaissance augmentent, le fait primordial étant que nous pouvons établir la connexion de toutes les manifestations et manières d'être intimes avec le style de vie de l'enfant ou de l'adulte.
Pour vous donner une notion exacte de la façon dont nous nous mettons à l'œuvre, j'entreprends la description d'un cas que je ne connais pas ou qui a disparu de ma mémoire et vais le discuter devant vous. Je n'ai aucune idée des événements qui sont décrits; je veux essayer de suivre cette même voie qui m'est habituelle dans mon activité de praticien. Il se peut que je commette une méprise que viendra révéler la suite de l'exposé. Je ne me découragerai pas pour autant. J'ai conscience, dans mon rôle, d'être semblable au peintre, au sculpteur, qui au début doivent agir d'une façon quelconque d'après leur expérience, leur aptitude, pour contrôler ensuite, renforcer, adoucir, modifier les traits afin d'obtenir l'image correcte. Sur ce point vous pouvez voir que nous agissons tout autrement que ces psychologues qui, voulant compter avec des grandeurs presque mathématiques, lorsque leur calcul ne réussit pas, s'effor­cent de trouver les causes de leur échec dans l'hérédité, domaine obscur où l'on peut introduire tout ce que l'on veut, et rendent responsables des processus organiques, domaine non moins obscur, ou d'autres encore à peine contrôlables. On ne peut pas saisir ces processus et, à leur grande satisfaction, la psychologie y trouve rapidement un terme. Nous nous passons de telles conceptions. Nous préférons plutôt avouer des erreurs que d'utiliser de semblables moyens d'information. En revanche nous connais­sons mieux la connexion des traits particuliers avec le tout; nous sommes mieux armés. Nous écartons les menus détails. Il nous est devenu possible de conclure d'un élément à l'ensemble, comme en histoire naturelle on tire d'un petit os des rensei­gnements sur le spécimen, ou comme on déduit l'architecture d'un bâtiment d'après un petit angle de la fenêtre. Nous sommes cependant beaucoup plus prudents que d'autres, qui veulent étayer la description et la compréhension d'une vie, par leurs propres préjugés. Dans l'expectative nous procédons par suppositions et corrections successives, l'esprit curieux toujours en éveil.
En me proposant maintenant de décrire l'histoire d'une vie qui m'est tout à fait inconnue, je me doute bien que je percevrai plus nettement certains traits quinze jours plus tard. Mais j'ai aussi conscience que, comme tous les gens exercés de notre école, j'arriverai aux mêmes conclusions. Il est significatif que nous ayons cette certitude, bien que nous parlions avec d'autres mots, que nous choisissions d'autres images, que nous reportions même parfois l'accent sur quelque chose d'autre. Mais la considé­ration de l'unité de la personnalité reste toujours pour nous la ressource la plus puissante. Nous savons que chaque enfant commence par un sentiment d'infériorité et cherche à le compenser, qu'il tend vers la supériorité, la totalité, qu'il procède au déploiement de ses forces afin de se sentir à la hauteur de toutes les difficultés. Nous apprécions s'il agit sur le côté utile ou inutile de la vie. Le côté utile est celui qui sert la généralité et correspond au niveau le plus élevé du sens commun, où le dévelop­pement et le progrès se révèlent précieux pour cette généralité. Nous cherchons à repérer l'obstacle qui a provoqué la déviation; nous cherchons à découvrir le problè­me qui a présenté de trop grandes difficultés. Ces difficultés continuant à se manifes­ter dans l'attitude de l'adulte, nous pourrons dire : ici le chemin de la vie a subi une perturbation, il s'est développé un état d'âme, comme si l'intéressé n'était pas alors à la hauteur de ces difficultés. Notre attention se concentre sur ces problèmes qu'il a évités. Il est donc clair que nous ne pouvons pas lui attribuer beaucoup de courage. Une autre question se pose : comment un jour le sujet a-t-il pu ne pas se sentir à la hauteur des problèmes de la vie? Comment, à un moment déterminé, s'est-il révélé non préparé? L'expérience nous a montré qu'il s'agit toujours de ces enfants chez qui le sentiment social s'est insuffisamment développé, de sorte qu'ils ne se sont pas sentis chez eux, qu'ils n'étaient pas liés par ce sentiment social. C'est pourquoi il leur a été plus facile d'hésiter, de s'arrêter, de s'esquiver, de se contenter d'une solution stérile du problème présent, attitude qui marque déjà en elle le préjudice porté à autrui.
Je vais essayer d'utiliser et de montrer notre technique dans l'interprétation d'un de ces cas. En ce qui concerne le cas actuel je sais qu'il doit remonter à dix ou douze ans. J'ai vu cet enfant et, dans la communication que l'on m'a remise, je nie trouve devant la description suivante : « Je me permets de vous proposer le cas suivant en vous demandant si l'on peut y porter remède par l'éducation. Il s'agit d'une enfant de onze ans, bien développée, très sage à la maison comme à l'école, actuellement élève de la première classe du lycée. »
Cette question de l'efficience de l'éducation soulève le problème suivant - que peut faire l'éducation quand il s'agit d'échecs? De quelle manière l'éducation doit-elle se comporter en face de ces cas? Il est évident qu'il faut parler, donner des exemples, s'abstenir de punitions, comme nous le faisons toujours. Punir n'a aucune utilité, le style de vie est fixé après la quatrième ou cinquième année d'existence et ne peut être modifié que par l'autoreconnaissance par le sujet de ses fautes et de ses erreurs. Que peut-on changer par la parole? Uniquement des erreurs.
S'il s'agit dans le cas suivant d'une formation erronée du style de vie et que nous soyons en mesure de comprendre cette erreur, alors peut-être notre science nous permet-elle de persuader l'enfant en question qu'il commet une faute sur ce point, faute qui portera préjudice aux autres. Il n'est pas possible de commettre une faute sans que plus tard elle se mette en évidence pour ne pas dire qu'elle se paie. Car on doit, non pas prétendre que dans cette fâcheuse formation d'un processus de vie, une erreur se paie, mais au moins reconnaître qu'elle est éprouvée. Nous voulons nous placer parmi ceux qui le reconnaissent; nous voulons établir la connexion, la rendre compréhensible à l'intéresse et essayer de le persuader si bien que, sans cette persuasion, il ne puisse plus faire un pas en avant. Souvent l'objection suivante est soulevée : « Que faites-vous lorsque l'individu a reconnu l'erreur et ne la corrige pas? » S'il reconnaît effectivement son erreur, s'il comprend la connexion et qu'il persiste dans son attitude malgré le préjudice entraîné, alors force est de dire qu'il n'a pas tout compris. Je n'ai pas encore vu de cas semblable. Reconnaître vraiment une erreur et ne pas la modifier va à l'encontre de la nature humaine, s'oppose au principe de la conservation de la vie. L'objection précédente concerne une pseudo-reconnais­sance des erreurs, ce n'est pas une reconnaissance fondamentale, où la connexion sociale arrive vraiment à se réaliser.
S'il s'agit vraiment d'erreurs dans le cas présent, nous pouvons y remédier par l'éducation. L'enfant est une fillette de onze ans, bien développée, sage à la maison et à l'école, élève d'un lycée. Elle fréquente la classe qui correspond à son âge. Nous pouvons conclure que, dans la mesure où il s'agit de la solution de la seconde question vitale, le problème du travail, nous trouvons cette fillette à sa place. Nous n'aurons à élever aucune objection sérieuse en ce qui concerne la question de sa situation et nous pourrons soutenir que cette enfant n'est pas au nombre des faibles d'esprit. On parle beaucoup trop de ces derniers, comme si les enfants de ce genre foisonnaient.
... « Lorsque, le matin, cette enfant doit aller en classe, elle est d'une telle nervo­sité que tous les habitants de la maison en souffrent. »
Nous voyons cela souvent. Le problème de l'école revêt une importance déme­surée. Nous pouvons dès lors comprendre la connexion : d'un côté elle est bonne élève, de l'autre elle envisage le problème de l'école avec une tension extraordinaire. Mais nous pourrions imaginer cette fillette atteinte de tension sans que les habitants de la maison eussent à en souffrir. Nous en tirerons ainsi la conclusion qu'il faut souligner la peine des autres habitants de la maison. La tension nerveuse s'explique non seulement par la manière de voir de la fillette, mais aussi par l'intention de montrer clairement aux autres le caractère apparemment effrayant du problème. Vous voyez là le désir de prouver aux autres la difficulté effrayante de son propre problè­me. Elle est cependant tout à fait en tête de la classe malgré les énormes difficultés qu'elle rencontre. Elle surmonte malgré tout les obstacles. Nous verrons par la suite si nous trouvons d'autres confirmations pour ce type doué d'une particulière force d'expansion.
- « Déjà au réveil la petite pleure et dit qu'on l'a éveillée trop tard. »
Les autres doivent même participer au lever.
... « Elle ne sera pas prête. Au lieu de s'habiller elle s'assied et pleure. »
Cela à vrai dire nous surprend. Chez cette fillette, nous nous attendions à la voir se rendre à l'école à l'heure exacte mais avec beaucoup de difficultés. Peut-être le cas n'est-il pas exposé convenablement. Nous avons appris qu'elle est une bonne écolière. Il y a lieu de supposer que cette remarque tendait à souligner davantage la significa­tion du cas. Je me permettrai de placer ici un point d'interrogation, et cela non par vanité d'auteur. Mais je veux maintenir ce doute, je veux rechercher si vraiment cette fillette arrive souvent trop tard. Nous vérifierons sûrement dans la suite s'il en est ainsi. Dans notre civilisation il n'est guère possible qu'une enfant allant au lycée, et y arrivant souvent en retard, soit cependant une bonne élève.
... « La coiffure, en particulier, donne lieu à de fréquentes plaintes; aucune ne lui convient, même pas celle qui d'ordinaire lui plaît le plus. »
On ne peut comprendre ce fait autrement que par son désir d'augmenter la tension nerveuse par la cérémonie de la coiffure. Elle veut ébranler fortement son entourage et elle en trouve le moyen dans le problème de la coiffure. Une question se présente alors : comment cette fillette peut-elle déployer une telle ruse pour trouver le moyen qui lui permettra d'ébranler son entourage? Que l'on n'aille point parler à ce propos de « fétichisme des cheveux »; ce serait d'une psychologie boiteuse, qui pose des règles, procède d'après des règles, qui introduit simplement dans un schéma sexuel des mots étrangers qui n'en disent pas plus que nous n'en savons déjà, mais laissent s'insinuer secrètement une résonance sexuelle. Notre psychologie, elle, a la chaleur de la vie; elle ne veut pas avoir de règles, elle est une action créatrice, la récréation d'un être vivant. Nous abstenant de toute autre interprétation, nous reconnaîtrons seulement que cette fillette, avec une grande subtilité, a trouvé dans son entourage un point faible d'où surgiront des difficultés.
... « Le temps passe, l'enfant part finalement en courant, sans avoir déjeuné, en pleurant et en se plaignant. »
Ce cas non plus n'est pas rare, nous le rencontrons souvent. Si j'ai exprimé auparavant un petit doute en ce qui concerne l'arrivée en retard, si j'ai pensé que c'était peut-être une exagération de nature à faire valoir le tourment de l'entourage, nous en trouvons ici la confirmation : « le temps passe». Il faut être à l'école à l'heure, on ne peut pas admettre que les lamentations de l'enfant commencent à cinq heures, mais plus vraisemblablement à sept heures.
... « Nous avons essayé de remédier à ce dernier inconvénient (la coiffure) en lui faisant couper les cheveux. »
Si nous avons raison, cela ne peut servir à rien. La coiffure lui importe peu, il s'agit plutôt pour elle de créer une tension dans son entourage. La coiffure n'est qu'un des nombreux moyens possibles. Nous allons bien voir ce qu'elle va faire lorsqu'elle n'aura plus de coiffure. Si nous avions un doute quant à l'intelligence de cette fillette, il va disparaître ici. C'est là l'examen de la psychologie individuelle en ce qui con­cerne l'intelligence et la faiblesse d'esprit, ainsi que je l'ai recommandé. Si elle est intelligente, nous devrons pouvoir nous en rendre compte. Nous verrons si dans cette conjoncture nouvelle elle a le style de vie que nous présumons exister chez les enfants intelligents, c'est-à-dire si elle trouvera un autre moyen pour arriver au même but.
... « Mais cela n'a pas servi à grand-chose, car tout à coup est apparue une ques­tion de résille. Et les mêmes plaintes se renouvellent pour la pose de la résille. »
Elle est donc intelligente, nous voilà rassurés.
... « Le fait que l'enfant parte pour l'école sans avoir pris de petit déjeuner doit se remarquer aussi pendant les cours, car je ne peux supposer qu'une enfant puisse rester en classe en soutenant son attention jusqu'à onze heures. »
En dernier lieu on exprime ainsi le doute qu'une enfant puisse tenir jusqu'à onze heures sans petit déjeuner. Or, si son véritable but était d'être rassasiée, il serait juste d'admettre qu'il lui serait impossible d'attendre jusqu'à onze heures. En réalité cette enfant a un autre but, elle veut importuner son entourage avec la question de l'école. Je ne sais pas si l'on doit en tirer d'autres conclusions. Pourtant nous pouvons dire en l'occurrence : cette enfant est animée par l'ambition, cette enfant désire être le seul objet de l'attention, à l'école comme à la maison, elle chemine là sur la voie de l'utilité générale. Nous apprenons en outre qu'elle est très obéissante à la maison; elle n'a qu'un seul défaut, elle voudrait que l'on s'occupât constamment d'elle. Elle recherche l'approbation dans un domaine déplacé. Le matin, lorsqu'elle doit aller à l'école, sa pensée principale est : comment vais-je représenter à mes parents l'énorme difficulté que je rencontre? C'est ce que nous pouvons appeler de la « vantardise ».
Si nous voulons à présent établir le degré de courage de cette enfant nous devrons dire : elle cherche à présenter la solution de son problème comme une action d'éclat. Mais ce n'est pas là excès de courage, car sans qu'elle y contribue volontairement, sans qu'elle le comprenne elle-même il en résultera pour elle une certaine sécurité. En effet, si un jour elle n'est plus une bonne élève, les parents en seront rendus respon­sables. Ce processus de la vie humaine devrait être beaucoup mieux perçu qu'on ne le fait actuellement. Il est futile de qualifier ce processus d' « inconscient ». Son déroulement que nous nous efforçons de saisir par la pensée est en connexion avec la vie. Nous le suivons tous, mais nous ne le désignons pas explicitement. Nous ne pouvons le pénétrer que si nous en établissons la connexion. Aussi nous pouvons dire maintenant : cette fillette n'a pas beaucoup de courage. Nous pouvons également parler de la formation de son sentiment social : personne ne mettra en doute que le tourment que cette fillette impose à sa famille lui pèse peu. Nous pouvons établir que ce qui lui importe uniquement c'est d'avoir la couronne du martyre. Elle rend la situation encore plus pénible en accentuant toutes les difficultés et en jeûnant jusqu'à onze heures. Elle est extraordinairement attentive à la gloire personnelle; elle ne prête pour ainsi dire pas d'attention à la personne des autres. Peut-être alors pourrions-nous tirer encore d'autres conclusions. Je suis navré de ne pouvoir les confirmer, mais nous n'avons pas d'autres données. Nous pourrions demander par exemple : quelle situation a formé le style de vie de cette fillette? Quelles ont été les premières empreintes qui l'ont marquée, quelles circonstances ont contribué à former ce style de vie? C'est une fillette ambitieuse, qui veut se trouver en tête. Si j'avais à le faire, je tirerais la conclusion suivante - c'est une enfant unique. Considérant d'autre part l'importance que la mère attache à la nourriture, je généraliserai cela et affirmerai que dans cette famille la nourriture joue un rôle inusité. Nous pourrons aller encore jusqu'à dire que nous nous représentons cette enfant comme délicate et pâle. Car si elle était robuste et joufflue, la mère n'éprouverait pas cette inquiétude. Mais toutes ces déductions ne contribuent pas tellement à nous familiariser davantage avec l'image de cette enfant, parce que nous les formulons uniquement à titre d'exercice, sans pouvoir les confirmer.
Quelques mots au sujet du traitement de ce genre d'enfant. Cette fillette jouit de sa domination sur la famille. Elle n'en sait rien. Elle éprouve seulement le tourment, la tension des autres. Cela ne doit pas nous induire en erreur. Croyez-vous qu'un multi­millionnaire pense toujours au montant de sa fortune? Vous verrez seulement combien souvent cet homme se met en colère quand tout ne va pas suivant ses désirs. Cette fillette est dans la même disposition d'esprit. Elle est en possession de la domination, aussi n'éprouve-t-elle pas le besoin de s'en réjouir constamment. Il lui suffit de la posséder. Ainsi nous pouvons comprendre pourquoi elle suit ce chemin sans en envisager l'aboutissement, toute préoccupée qu'elle est des difficultés qu'elle rencontre. Mais si elle savait tout cela, si l'on pouvait lui faire comprendre qu'elle surestime exagérément ce problème ordinaire de l'école, pour se vanter, ce serait un grand progrès. Il se pourrait toutefois que malgré cela elle ne se corrigeât pas. Peut-être alors devrait-on aller plus loin, lui montrer exactement ce qu'est un vantard. On lui inculquerait la conviction que seul se vante celui qui croit n'être pas assez par lui-même. Seul s'efforcera de mettre en branle les autres celui qui ne croit pas pouvoir par ses propres actions apporter suffisamment de preuves de son importance. Vis-à-vis de cette fillette on peut aussi adopter le point de vue suivant : « si tu m'en crois, tu fais tout très bien. Mais peut-être devrais-tu faire encore plus. Tout cela indique seulement que tu es une fillette très intelligente, qui trouve le bon chemin pour émou­voir son entourage ». Afin de convaincre cette fillette, il faudrait avoir recours à l'explication d'autres événements et d'autres souvenirs; lui montrer que, de sa position d'enfant unique, sont nées toutes ces tendances qui la conduisent à des fautes inéluctables. Il faut lui dire : « ce sont choses courantes qui arrivent souvent aux enfants uniques ». Ceci lui ferait connaître ce qu'elle ne savait pas auparavant. Ce nouveau savoir influencerait à lui seul la complexité du déroulement de ses pensées. Les actions se trouveraient manifestement en contradiction avec son sentiment social. Elle se contrôlerait et probablement on verrait apparaître le fait suivant : dans les premiers jours, après avoir fait tomber la famille dans l'état de tension nerveuse habituelle, elle se dirait : « le docteur Adler prétendrait que je fais cela uniquement pour me rendre intéressante ». Elle continuerait peut-être un certain temps ce manège. S'il n'en était pas ainsi, je pourrais alors y aider. Il viendrait ainsi un moment où déjà en pleine crise de nervosité elle se souviendrait de la façon dont j'ai interprété sa conduite et dès lors nombre de ses attitudes disparaîtraient. Puis bientôt peut-être, dès le réveil elle prendrait conscience de ceci : « Maintenant je veux provoquer l'exci­ta­tion de mon entourage. » Ce serait le simple déroulement d'un tel traitement. D'autres voies seraient également possibles. Moi-même j'aime emprunter d'autres chemins. Mais si je crois que l'on puisse parler ainsi, je dis alors : « L'école est la chose la plus importante dans la vie d'un être humain, tu devrais faire encore plus de tapage. » Par l'exagération je saperais sa tendance à de pareils actes. « Tu dois faire sans arrêt du vacarme pour souligner tes actions et l'importance de ta personne, car il est évident que tu ne peux te contenter d'attirer l'attention des autres par des actions utiles. » Il y a cent méthodes qui sont propres, comme le dit Kaus, à « gâcher la bonne con­science » que l'on a de ses mauvaises actions. « Écris en grandes lettres sur un billet que tu accrocheras au-dessus de ton lit : « tous les matins je dois mettre ma famille dans le plus grand énervement. » Elle ferait ainsi consciemment, mais avec une mau­vaise conscience, ce qu'elle faisait auparavant inconsciemment sans le comprendre, mais avec une bonne conscience. Je n'ai pas encore vu qu'un de mes malades ait suivi le dernier conseil.

Chapitre II
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